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Lavrov : en violant la souveraineté de la Syrie et de l'Irak, Ankara entrave la trêve

Alors que plusieurs pays font des efforts pour tenter de régler le conflit syrien, les actions de la Turquie en Syrie et en Irak empêchent la situation de se stabiliser, a estimé le ministre russe des Affaires étrangères.

En parlant de l’accord de cessez-le-feu en Syrie, Sergueï Lavrov a indiqué qu’Ankara mène son opération militaire en Syrie et en Irak en violation de leur souveraineté. «Nous savons ce que font les forces turques sur le territoire de l’Irak, lors des bombardements des rebelles kurdes en Syrie depuis le territoire turc», a-t-il expliqué, en rappelant que la Ligue des États arabes a déclaré en décembre dernier qu’Ankara avait violé le droit international en intervenant unilatéralement en Irak.

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Sergueï Lavrov a souligné qu’en impliquant aux négociations toutes les parties syriennes, quelle que soit leur ethnie ou leur religion, la communauté internationale a tenté de résoudre le conflit tout en dénonçant la politique d’Ankara à l’égard des Kurdes en Syrie. «Parce que les actions de la Turquie, de fait, compromettent ces efforts, réalisés notamment avec l’approbation de l’ONU, concernant la trêve, la livraison de l’aide humanitaire et le début du processus politique», a-t-il souligné, rapporte l'agence RIA.

La Turquie a lancé son opération militaire contre les régions du sud-est de la Syrie, habitées principalement par des Kurdes, en juillet 2015, suite à un certain nombre d'attaques terroristes dont le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) aurait été responsable.

En décembre, les autorités turques avaient décrété un couvre-feu de 24 heures dans plusieurs villes kurdes afin «d'éviter les pertes civiles». Le gouvernement turc prétend qu'il vise seulement «les terroristes du PKK», affirmant que plus de 360 combattants kurdes ont été tués, rapporte le Daily Sabah. Amnesty International accuse la Turquie d’être responsable du meurtre d’au moins 160 civils.

Cette guerre menée contre les combattants kurdes est loin d'être appréciée par les Etats-Unis, qui financent le PYD dans sa lutte contre Daesh en Syrie. Alors que Barack Obama appelle Ankara à «faire preuve de retenue», Recep Tayyip Erdogan critique le «manque de sincérité» de Washington et la non-prise en compte des inquiétudes de la Turquie.

En outre, en décembre dernier, des militaires turcs sont entrés en Irak, prétextant l’entraînement de l’opposition kurde près de la ville de Mossoul, occupée par les combattants de Daesh.

Suite à un nouvel attentat suicide commis dimanche 13 mars à Ankara qui a tué 37 personnes, l'aviation turque a bombardé des bases du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le nord de l'Irak.

Le 27 février dernier, à l'initiative de la Syrie, la Russie et les États-Unis ont passé un accord sur un cessez-le-feu. Le document fait référence, en particulier, au fait que l'action militaire se poursuivra uniquement contre Daesh et d'autres organisations extrémistes, reconnues comme telles par le Conseil de sécurité des Nations Unies.