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Dimanche noir pour Angela Merkel : succès de l’AfD, déconfiture de la CDU

D’après les sondages, le parti de la chancelière, l'Union chrétienne-démocrate (CDU), aurait essuyé une de ses plus grandes défaites de ces dernières décennies. Ces élections auront été un grand succès pour le parti d’extrême droit AfD.

Selon les estimations rendues publiques par les chaînes de télévision publiques ARD et ZDF, les élections se sont avérées pour la CDU bien plus dramatiques que prévues. Dans son fief historique du Bade-Wurtemberg, la CDU ne serait arrivée qu'en deuxième position avec 27,5% des votes, derrière les Verts (32%). En Rhénanie-Palatinat, elle s’est classée aussi deuxième avec 33% de suffrages, derrière les sociaux-démocrates du SPD qui ont gagné avec 37,5%. En Saxe-Anhalt, dans l'ancienne Allemagne de l'Est, la CDU s'en est sortie en tête avec  environ 30% des votes. Pourtant, ce résultat, ayant baissé de 10% par rapport aux précédentes élections, ne saurait réjouir les membres du parti. 

En ce qui concerne les populistes de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD), ils ont engrangé de 10 à 11% au Bade-Wurtemberg et 12,5% des voix en Rhénanie-Palatinat, selon la même source. En Saxe-Anhalt, l’AfD a même obtenu un score historique pour un parti populiste de droite :  de 21,5% à 22,8  des électeurs ont voté pour eux. Ces résultats lui permettront même d’entrer Dans les trois parlements.

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«L’Allemagne a besoin d’une alternative... et de nous!», Frauke Petry à RT


La chef du parti AfD, Frauke Petry, a donné une interview à RT après l’annonce des résultats des élections régionales. «Nous pensions que ces résultats pouvaient être bons, mais ils se sont averés même meilleurs», a-t-elle commencé son récit de la route de son parti vers le parlement, précisant que la «discrimination» à laquelle le parti a du faire face ces derniers mois et semaines n’était pas nouvelle et qu'il la subissait en réalité depuis sa création, en 2013. 

«Nous avons poursuivi notre campagne et je pense qu’au cours des mois à venir, nous montrerons qu’on a besoin de l’AfD, que l’Allemagne a besoin d’une alternative... et de nous!», a-t-elle déclaré.

Un autre membre de l’AfD, Sebastian Maack, a aussi parlé à RT et déclaré que l’échec de la CDU était «un signe à Angela Merkel et aux pays européens que la politique actuelle ne marcherait pas longtemps.» 

La chef de l’extrême droite a aussi souligné que, outre ses propositions sur la politique migratoire, l’AfD voulait aussi faire beaucoup dans d'autres domaines.

«Nous mettons en avant un certain nombre d'idées sur la politique familiale, sur la politique énergétique, etc. Nous voulons aussi un système d’impôts plus transparent, tel que la CDU a essayé de le faire plusieurs fois mais n’y a jamais réussi. En ce qui concerne la politique actuelle, nous sommes persuadés que le référendum sur l’euro est plus que simplement nécessaire. Et oui, nous devons aussi parler de politique migratoire parce que cela change complètement le pays. Les gens en Allemagne n’ont pas même un chance d'en discuter au niveau publique», a-t-elle précisé.

En ce qui concerne la CDU, son secrétaire général, Peter Tauber a reconnu «des temps difficiles» mais exclu tout changement de la chancelière dans sa politique migratoire, et ce malgré le désaveu que représentent ces élections. 

«C'est un dimanche noir pour la chancelière Angela Merkel. Elle a longtemps espéré qu’elle pourrait l’emporter malgré les résistances à sa politique sur les réfugiés», relève le site de l'hebdomadaire Der Spiegel. «Mais finalement, ce n'est pas le cas. Merkel devra vivre avec la responsabilité d'avoir laissé l'AfD s'installer durablement», poursuit-il.

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