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Erdogan menace de supprimer la Cour constitutionelle, vexé qu'elle ait libéré les journalistes

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré vendredi que la décision de la Cour constitutionnelle qui a libéré deux directeurs de journaux détenus était une étape contre la Turquie et a averti le tribunal de sa suppression en cas de récidive.

«Cette institution [la Cour constitutionelle], avec la participation de son président et de certains membres, ne s'est pas gênée pour prendre une décision qui va à l'encontre des normes du pays et du bien de son peuple, le tout sur un sujet qui est un exemple concret de l'une des plus importantes attaques récentes contre la Turquie», a déclaré Erdogan lors d'un rassemblement dans la ville de Burdur, dans le sud-ouest du pays, annoncé le Daily Mail.

«J'espère vraiment que la Cour constitutionnelle ne tentera pas de récidiver ce genre de décision car cela ouvrirait le débat sur la légitimité de son existence en tant qu'institution», a-t-il dit. 

En novembre dernier, les rédacteurs en chef du journal d'opposition laïque Cumhuriyet Can Dündar et Erdem Gül avaient été inculpés pour «espionnage» et «divulgation de secrets d'Etat» et écroués le 26 novembre 2015.

En cause, la diffusion en mai d'une vidéo de l'interception, en janvier 2014 à la frontière syrienne, de camions appartenant aux services secrets turcs (MIT) et transportant des armes destinées à des rebelles islamistes syriens. 

La justice turque avait requis plusieurs peines de prison à perpétuité aggravée pour les deux journalistes.

Fin février dernier, la Cour ordonnait finalement leur libération. Can Dündar a décidé de défier le régime en assignant en justice l'Etat turc.

Pointée du doigt pour la répression de plus en plus féroce qui s'abat sur les journalistes , la Turquie se situe à la 149e place sur 180 au classement mondial de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières (RSF).