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Le programme américain d'anthropologie de guerre, soi-disant suspendu en 2014, fonctionne toujours

L’armée a trompé le Congrès et le peuple américain, en affirmant avoir fermé son programme d’anthropologie de guerre en 2014. Selon des sources autorisées, ce projet sur lequel plane des cas de fraude et d’abus sexuel, est toujours opérationnel.

Il s’agit du programme Human Terrain System (HTS), créé en 2006 pour étudier l'anthropologie de combat et fournir aux militaires américaines des informations scientifiques concernant leur ennemi et la population locale. Dans ce but, des anthropologues ont été intégrés dans les divisions américaines combattant en Afghanistan et en Irak.

En 2015, suite à une vague de scandales et de critiques sur HTS, l’armée américaine a déclaré que le projet avait été clos en 2014.

Cependant, la chaîne américaine USA Today a appris d’une source autorisée au Pentagone, non seulement que ce projet fonctionne toujours, mais que l’armée compte l’étendre. Pour le moment, il emploie neuf personnes, dont deux officiers et deux civils, alors que son budget annuel est d’environ 1,2 million de dollars.

Selon les documents obtenus par les journalistes, l’armée américaine a statué que la présence de scientifiques sur les champs de bataille n’était plus requise et que dorénavant, les experts travailleraient depuis Fort Leavenworth, au Kansas. En outre, le projet a été renommé Réseau global des connaissances culturelles (Global Cultural Knowledge Network).

A son lancement, les créateurs du HTS ont prétendu qu’il aidait les troupes à mieux comprendre la culture locale et à établir des relations personnelles avec les Irakiens et les Afghans, la communauté scientifique a critiqué vertement le projet. Ainsi, l'Association américaine d'anthropologie a expliqué qu’il violait leur éthique professionnelle puisqu’il contredisait la règle de ne pas nuire aux sujets de recherche, alors que les personnes étudiées et les scientifiques eux-mêmes avaient été mis en danger.

En 2010, une enquête interne de l’armée américaine a révélé plusieurs cas de fraude dans le cadre du HTS. Ainsi, certaines personnes ont reçu 280 000 de dollars par an, sans avoir fourni aucun travail.

En outre, d’après les participants au programme, le racisme et les abus sexuels étaient répandus dans le cadre du programme. Ainsi, l’une des employées a écrit qu’elle avait été «harcelée sexuellement sur les théâtres d’opération à plusieurs reprises» et que «presque chaque femme dans le programme faisait face à une forme ou une autre de harcèlement sexuel». Un autre membre de l’équipe a décrit le HTS comme un «ghetto» avec «trop de noirs dans le personnel».

Les révélations des journalistes américains ont déjà attiré l’attention du Congrès, qui n’était pas non plus au courant que le HTS fonctionne toujours.

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