Dans le Guardian, William Perry explique que les Etats-Unis ont méprisé la Russie, considérant le pays comme une «puissance de troisième ordre» après la fin de la guerre froide, et c'est ce manque de considération qui est la principale cause des tensions entre les deux pays.
L'expansion orientale de l'OTAN traduit pour lui un mépris des intérêts et de la sécurité russe. «Notre premier faux-pas date du moment où l'OTAN s'est étendu vers l'est, vers les pays d'Europe orientale aux portes de la Russie. A cette époque, nous travaillions en étroite collaboration avec la Russie et ils commençaient à s'habituer à l'idée que l'OTAN pourrait être un ami plutôt qu'un ennemi...», explique William Perry. Mais le soutien des Etats-Unis à l’OTAN et à son expansion à des pays frontaliers de la Russie ont refroidi les relations entre les deux pays.
Dans ses mémoires, «My Journey at the Nuclear Brink», il écrit avoir plaidé pour une expansion plus lente de l’OTAN afin de ne pas offenser la Russie. Mais Richard Holbrooke, un diplomate américain, a soutenu l’argument inverse auprès du vice-président Al Gore, qui a fini par déclarer que les Etats-Unis pourraient gérer les problèmes que cela engendrerait avec la Russie.
Pour William Perry il s’agit là d’une preuve du mépris des responsables américains envers l’ancienne superpuissance russe. «Lorsque je discutais avec les responsables pour essayer de leur faire comprendre le point de vue de la Russie, la réponse que j’obtenais ressemblait à "Qui s’occupe de ce qu’ils pensent ? Ils sont une puissance de second rang". Et bien sûr c’est comme ça que les Russes l’ont ressenti. C’est à partir de là que les relations se sont dégradées.» A l’époque, William Perry envisage même de démissionner.
Pour lui, ces cinq dernières années ont vu les relations américano-russes se dégrader notamment à cause des interventions militaires de la Russie en Ukraine et en Syrie.
William Perry ajoute que lorsqu’il était en fonction, ces relations s’étaient améliorées en quelques années après la chute de l’union soviétique. Mais ces efforts ont été gaspillés par la suite, pourquoi ? A cause selon lui du comportement et du mépris des Etats-Unis.
D’autres faux-pas des Etats-Unis ont augmenté les tensions
William Perry raconte également au journal britannique, que la décision de l’administration Bush de déployer un système de défense antimissile balistique en Europe de l’Est a été très mal vécue par les Russes. A la base, ce système de défense servait de dissuasion face aux missiles nucléaires iraniens. Mais encore une fois pour Perry les Etats-Unis ont bafoué la sécurité russe sans en discuter avec le pays avant d’agir. Il explique avoir essayé de convaincre la Russie qu’il s’agissait là d’un gaspillage d’argent et que ce système ne servait pas à grand-chose, mais en vain, le mal était fait.
S’ajoute à cela le soutien des américains aux révolutions de couleur en Ukraine, Géorgie ou au Kirghizistan qui a terminé de dégrader les relations entre les deux pays. A tel point, que William Perry explique : «A son arrivée au pouvoir, Poutine en est venu à croire que les Etats-Unis avaient un plan pour renverser son pays.»
Pour finir, l’ancien chef de la défense, fait part de son inquiétude concernant les tensions actuelles entre la Russie et l’OTAN qu’il qualifie de «potentiellement très dangereuses», et a plaidé pour une réduction drastique des arsenaux nucléaires et en particulier des missiles balistiques intercontinentaux terrestres.