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Le haut-commissaire aux réfugiés de l'ONU «profondément préoccupé» par l'ébauche d'accord UE-Turquie

Le haut-commissaire aux réfugiés de l'ONU, Filippo Grandi, s'est dit«profondément préoccupé» par le projet de texte entre Ankara et l'UE, qui prévoit notamment de renvoyer tous les migrants vers la Turquie, y compris les demandeurs d'asile syriens.

«Je suis profondément préoccupé par tout arrangement qui impliquerait le retour indiscriminé de gens d'un pays à un autre et ne détaillerait pas les garanties de protection des réfugiés en vertu du droit international», a indiqué M. Grandi devant le Parlement européen à Strasbourg.

L'UE et la Turquie ont trouvé un accord de principe, à l'occasion d'un sommet extraordinaire à Bruxelles, pour intensifier leur coopération afin de tarir pour de bon l'afflux de migrants sur les côtes grecques. Ils se sont donné dix jours, jusqu'à un autre sommet européen, les 17 et 18 mars, pour affiner les détails.

Mais les 28 ont d'ores et déjà «chaleureusement salué» les propositions d'Ankara, et notamment sa proposition d'accepter le retour de tous les migrants, y compris des réfugiés syriens, même si pour cette catégorie, l'UE s'engagerait à reprendre par des voies légales le même nombre de Syriens qu'elle en a renvoyé vers la Turquie, directement depuis le territoire turc.

En contrepartie, la Turquie exige trois milliards d'euros d'aide supplémentaire d'ici à 2018, un régime sans visas pour ses ressortissants voulant voyager dans l'UE dès fin juin et l'ouverture rapide de négociations sur cinq nouveaux chapitres d'adhésion. M. Grandi a énuméré trois conditions préalables pour que les retours de demandeurs d'asile vers «un pays tiers» puissent être considérés conformes au droit international.

Le pays destinataire doit d'abord assumer «la responsabilité d'examiner la demande d'asile», a-t-il expliqué. Mais surtout, un réfugié sera «protégé du refoulement», c'est-à-dire d'une expulsion sans autre forme de procès, et enfin, s'il obtient l'asile, il doit pouvoir «bénéficier de l'asile conformément aux standards internationaux et avoir pleinement et réellement accès à l'éducation, à l'emploi, aux soins de santé et si besoin, à l'aide sociale», a souligné M. Grandi.