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EN CONTINU : Ankara demande trois milliards d’euros supplémentaires à l’UE pour gérer les migrants

L’Union européenne et la Turquie tiennent le lundi 7 mars à Bruxelles des négociations cruciales sur la crise migratoire qui ne cesse de s’aggraver. Le sommet extraordinaire commencera à Bruxelles dans l’après-midi.

Lundi 7 mars

Le président du Parlement européen, Martin Schulz, a confirmé que le Premier-ministre turc Ahmet Davutoglu demandait trois milliards d’euros supplémentaires à l’Union européenne pour la gestion des réfugiés syriens en Turquie. Il a présenté cette revendication lors d’une réunion préparatoire avec la chancelière allemande, Angela Merkel, et le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte.

Une autre source a confié à Reuters qu’Ankara avait même demandé 20 milliards d’euros. En échange, la Turquie aurait promis de reprendre tous les migrants qui ne viennent pas de la Syrie et qui ont été expulsé d’Europe, faute d’avoir obtenu l’asile, ainsi que ceux qui ont été interceptés dans les eaux territoriales turques. Ankara devrait également sévir plus sévèrement contre ceux qui organisent ce trafic de migrants.

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L’Union européenne a proposé de se prononcer sur le régime de visa avec la Turquie d’ici la fin du mois de juin, indique un projet de proposition de l’UE.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a reproché lundi à l'Union européenne sa lenteur à débloquer un fonds d'aide de trois milliards d'euros destiné aux 2,7 millions de réfugiés syriens vivant en Turquie pour freiner le flux migratoire vers l'Europe.

«Cela fait maintenant quatre mois et on attend encore qu'ils nous le donnent», a-t-il dit lors d'un discours public à Ankara.

«Monsieur le Premier ministre Ahmet Davutoglu est actuellement à Bruxelles. J'espère qu'il reviendra avec cet argent», a-t-il poursuivi. 

Recep Tayyip Erdogan a également dénoncé l'attitude des Européens dans la crise migratoire et leur refus en général de les accepter massivement dans leur pays.

«Regardez, ils disent empêcher les réfugiés d'entrer. C'est d'accord. Mais ce n'est pas nous qui les envoyons, ils viennent par la mer et, malheureusement, la plupart d'entre eux meurent durant la traversée», a-t-il continué.

Le sommet extraordinaire sur les migrants pourrait durer plus longtemps que prévu car le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu est arrivé avec de nouvelles propositions sur la façon de régler la crise migratoire.

«Ils proposent plus et demandent plus», a résumé l’un des participants, après la première session de négociations.

Il a aussi précisé que la Turquie voulait plus de 3 milliards d’euro pour héberger les Syriens sur son sol, ainsi qu’une accélération des négociations son entrée dans l’Union européenne et que ses ressortissants puissent voyager en Europe sans visa. En échange, Ankara serait prêt à accueillir les migrants non-syriens auxquels le droit d’asile n’a pas été octroyé et à arrêter dans les eaux territoriales turques ceux qui n’ont pas encore atteint les côtes européennes.

Le président français François Hollande a déclaré que l’UE restait vigilante sur la question de la liberté de la presse en Turquie même si les deux pays coopèrent pour endiguer le flux migratoire dont l’Europe est victime depuis plusieurs mois.

En échange de l'aide de trois milliards d'euros qui lui a été allouée par l'Union européenne, la Turquie doit «prendre des engagements par rapport à la lutte contre les passeurs» et procéder à des réadmissions d'un «certain nombre de migrants qui sont partis de Turquie» vers l'Europe, a déclaré François Hollande à son arrivée à un sommet extraordinaire UE-Turquie.

«Il doit y avoir aussi une sécurité sur la frontière entre la Turquie et la Grèce en mer Egée» et puis «il y a aussi l'aide qu'il faut prodiguer à la Grèce» car c'est elle «qui aujourd'hui est notre frontière extérieure et accueille les réfugiés», a-t-il ajouté.

«Le plan est simple à annoncer, difficile à mettre en oeuvre : c'est sécurité des frontières extérieures, coopération avec la Turquie et solidarité avec la Grèce, et c'est ce que la France va défendre comme position», a résumé le chef de l'Etat français.

La porte-parole de la chancelière allemande, Angela Merkel, Christiane Wirtz a qualifié lundi de «spéculation» l'annonce d'une fermeture de la route migratoire des Balkans dans un projet de déclaration finale du sommet extraordinaire de l'Union européenne en cours à Bruxelles.

«J'ai pris connaissance de ces informations, qu'on spécule sur une fermeture de la route des Balkans. Mais je veux dire qu'à l'heure actuelle il s'agit de spéculations, les négociations, les discussions sont en cours et il faut attendre», a-t-elle déclaré lors d'un point presse régulier à Berlin.

Les relations entre Bruxelles et Ankara «sont importantes mais difficiles», a déclaré le président du Parlement européen Martin Schulz à son arrivée au sommet européen. Il a aussi dit qu’il avait parlé le 6 mars au Premier ministre turc des questions qui concernent la liberté de la presse.

Il a en outre tweeté que les libertés civiles en Turquie étaient importantes et que la nationalisation de Zaman était un «autre coup porté à la liberté de la presse».

La Turquie joue un rôle crucial dans la crise des «migrants» puisque c’est elle qui ouvre et ferme les portes aux 2 500 réfugiés qui traversent chaque jour son territoire vers la Grèce. D’après les données de la CDHNU, depuis début 2015 plus de 930 000 migrants sont parvenus en Grèce depuis la Turquie.

Que veut l’Union européenne ?

L'objectif  de ce sommet extraordinaire est de «fermer dans les jours qui viennent la route des Balkans», par laquelle les migrants rejoignent, grâce à l’aide de la Turquie, l'Allemagne et la Scandinavie.

Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a une proposition de stratégie globale qui pourrait «aider à endiguer les flux» migratoires. Selon lui, la Turquie ne doit laisser passer en Grèce que les seuls demandeurs d'asile – ce qui devrait permettre de lever, d'ici fin 2016, les contrôles frontaliers mis en place unilatéralement au sein de l'UE. Les pays européens pourront expulser tous les «migrants économiques» vers la Turquie, qui les renverra à son tour vers leurs pays d'origine. Ankara devra ainsi s'engager à accepter au 1er juin des «réadmissions» sur son territoire de migrants en situation irrégulière venant des îles grecques et renforcer la lutte contre les passeurs avec l'aide de navires de l'OTAN en mer Egée qui peuvent désormais «opérer dans les eaux territoriales» grecques et turques.

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Que recevra la Turquie en échange ?

L’UE a déjà octroyé trois milliards d’euros à Ankara pour l’aider à endiguer le flux migratoire, mais, ce 7 mars, la Turquie pourrait demander plus.

«Ayant pris en considération le coût global des services que la Turquie fournit aux réfugiés, on peut ajouter 6 ou 7 milliards d’euros à la facture», a déclaré Guenther Oettinger, membre du CDU, le parti conservateur allemand.

Au sein de l’UE, certaines voix se font entendre pour s’opposer à cette politique de financement. «Je me prononce fortement contre cette contribution de milliards d’euros d’aide à la Turquie étant donné qu’Ankara ne peut, ni ne veut s’occuper des migrants», a souligné le président tchèque Milos Zeman.

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Ankara a déjà reçu une partie de l’argent promis, et a, de son côté, augmenté ses efforts visés à arrêter les migrants. Depuis le début de l’année, Ankara a déjà empêché 15 000 migrants de traverser sa frontière avec l’UE. La Syrie étant un état frontalier, la Turquie a déjà hébergé 2,5 millions de réfugiés de ce pays sur son sol depuis 2014, alors que la guerre civile syrienne fait rage depuis 2011.

Néanmoins, d’après les données de l’ONU, le nombre total des migrants illégaux en Europe s’est multipliée par dix sur la même période : 122 000 sont arrivés en Grèce. 

En outre, la Turquie est souvent accusée d’extrême sévérité avec les migrants. Depuis janvier, au moins 410 personnes sont mortes ou sont portées disparues.