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Pakistan : 100 000 personnes aux funérailles du meurtrier d'un gouverneur (VIDEOS, PHOTOS)

Des dizaines de milliers de partisans d'un islamiste exécuté pour avoir tué un politicien réformateur ont participé à ses funérailles, le 1er mars, à Islamabad, tandis que la police sécurisait les sites sensibles par crainte d'incidents.

Aux cris de «Qadri, ton sang déclenchera la révolution», environ 100 000 personnes ont participé aux prières en mémoire de Mumtaz Qadri, islamiste pendu le 29 février dans un parc de Rawalpindi, ville voisine de la capitale pakistanaise.

Qadri avait été salué comme un héros par les islamistes conservateurs après qu'il a abattu, en 2011, Salman Taseer, gouverneur de la province du Pendjab, car ce dernier était favorable à une révision de la loi sur le blasphème. Les conservateurs défendent bec et ongles cette loi qui punit le blasphème, un sujet extrêmement sensible au Pakistan, république islamique de 200 millions d'habitants.

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«La punition du blasphémateur, c'est la décapitation»

«La punition du blasphémateur, c'est la décapitation» ou «Mort à Nawaz Sharif [Premier ministre]» ont scandé les participants aux funérailles tout en conspuant le gouvernement. Si les forces de sécurité étaient déployées à distance du parc où se déroulaient les prières, les principaux rond-points et bâtiments sensibles d'Islamabad et de Rawalpindi étaient gardés par des milliers de policiers, avec le renfort de forces paramilitaires.

Les écoles ont été fermées et le personnel de l'ONU renvoyé chez lui. Le blocage des routes a forcé une partie de la foule à se disperser à la fin des prières. Mais des milliers de partisans marchaient en procession derrière l'ambulance recouverte de pétales de roses sur le chemin du cimetière.

La loi pakistanaise prévoit des peines allant jusqu'à la peine capitale pour le blasphème et si personne n'a été exécuté jusque-là, 17 condamnés, dont la chrétienne Asia Bibi, se trouvent actuellement dans le couloir de la mort après avoir été condamnés pour blasphème. De simples allégations valent régulièrement à des personnes souvent pauvres et issues de minorités d'être lynchées par la foule ou prises pour cible par des fanatiques. Les critiques de cette loi soulignent qu'elle est souvent instrumentalisée pour régler des différends personnels et que de nombreux innocents croupissent en prison sous de fausses accusations.

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