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Selon l’armée saoudienne, la coalition menée par Washington pense à une invasion terrestre en Syrie

L’Arabie saoudite a reconnu que les membres de la coalition anti-Daesh menée par Washington avaient eu une discussion «politique» concernant un potentiel déploiement de troupes en Syrie. L’initiative a été qualifiée par Damas de néfaste et menaçante.

Dans une interview à Reuters, le conseiller du ministre saoudien de la Défense, le général Ahmed Asseri, a confirmé que les ministres de la Défense de la coalition anti-Daesh avaient discuté de l’envoi de troupes terrestres en Syrie lors d’une réunion ministérielle à Bruxelles, le mois dernier.

«Cela a été discuté il y a deux semaines à Bruxelles», a indiqué le conseiller, expliquant que les discussions avaient eu lieu au niveau politique uniquement, sans entrer dans les détails d’une mission potentielle».

Le général a souligné que si la décision était prise, les Saoudiens seraient plus que disposés à fournir des troupes, une idée contre laquelle la Syrie a fermement mis en garde à plusieurs reprises. Ahmed Asseri a aussi avoué que Riyad travaillait sur les aspects militaires d’une potentielle invasion de la Syrie.

«Une fois le tout organisé et qu’il aura été décidé du nombre de soldats, de comment ils se déplaceront et d’où ils iront, nous participerons [à ce processus]», a-t-il fait savoir avant d'ajouter: «Nous devons débattre avec l’armée, avec des experts, pour nous assurer que nous avons bien un plan.»

Le général saoudien a noté que, pour l’heure, les forces aéroportées du royaume étaient prêtes à frapper les cibles de Daesh depuis Incirlik, la gigantesque base militaire turque où les avions de combat de Riyad ont été déployés le mois dernier.

Washington a de son côté confirmé la volonté de l’Arabie saoudite de frapper des cibles en Syrie. Le porte-parole du département d’Etat américain, John Kirby, est allé jusqu’à dire que les Etats-Unis salueraient la participation du royaume.

«Néanmoins, il y a beaucoup d’éléments à examiner concernant leurs actions, leur camouflage et la façon dont ils devraient être soutenus dans leur progression par la coalition. Il y a beaucoup à faire», a conclu le porte-parole.

Les pressions de Riyad pour une intervention terrestre en Syrie interviennent juste après les avertissements de la Russie quant au fait que la Turquie renforçait ses positions à la frontière avec la Syrie, et que Moscou, ainsi que Washington, font de leur mieux pour consolider un cessez-le-feu déjà fragile dans le pays.

Critique de l’opération terrestre par Damas

Le 29 février, une source officielle du ministère syrien des Affaires étrangères et des expatriés a indiqué à l’agence d’information SANA que l’Arabie saoudite jouait un «rôle néfaste» dans le processus de paix puisqu’elle «menaçait la sécurité et la stabilité» du monde.

Des propos qui répondent aux commentaires du ministre saoudien Adel Al-Jubeir, qui avait accusé le 28 février les troupes syriennes d'avoir violé le cessez-le-feu négocié par la Russie et les Etats-Unis et d'avoir, une fois encore, dit qu’il n’y avait pas de place pour Bachar el-Assad dans l’avenir de la Syrie.

Le représentant syrien a noté que les communiqués du ministre saoudien violaient la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU 2268 qui instaure le cessez-le-feu. La résolution exige que toutes les parties à l’accord utilisent leur influence pour faire en sorte que les parties au conflit syrien honorent leurs engagements et créent les conditions nécessaires pour un cessez-le-feu durable.

Cette source a signalé à SANA que Damas demandait que le Secrétaire général de l’ONU crée un comité pour enquêter sur «les crimes qui ont été et sont toujours commis par le régime saoudien dans le monde arabe».

En parallèle, un responsable de la Défense américaine a confié à Reuters l’intention de Washington de continuer à soutenir en Syrie les forces qui luttent sur le terrain contre les terroristes de Daesh.

«Nous continuerons à fournir de l’équipement aux leaders sous contrôle et à leurs unités pour qu’ils puissent réaliser un effort concerté dans les territoires toujours occupés», a indiqué le fonctionnaire. «Nous ne commenterons pas ou ne spéculerons pas sur de potentielles opérations futures», a-t-il conclu.

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