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Hillary Clinton mise en difficulté par une militante afro-américaine (VIDEO)

Alors qu’elle s’exprimait dans le cadre d’une levée de fonds, l’ancienne «first lady» s’est retrouvée en fâcheuse posture. Une activiste du mouvement Black Lives Matter l’a interpellée à plusieurs reprises pour des déclarations prononcées en 1996.

«Nous devons les mettre au pas». La formule choc, inscrite au feutre sur une banderole blanche, est agitée devant des soutiens interloqués. Nous sommes mercredi et Hillary Clinton s’exprime devant une petite foule dans le cadre d’une levée de fonds en Caroline du Sud. Toutes les personnes présentes ont payé 500 dollars pour avoir le privilège d’écouter la favorite des Démocrates. Dans le lot, une activiste du mouvement Black Lives Matters s’est acquittée de la somme. Loin de vouloir apporter son concours financier à la campagne, elle a l’intention de ressortir des souvenirs gênants du placard. Vingt ans auparavant, alors qu’elle soutenait la réélection de son mari, Hillary Clinton avait défendu la loi de Bill sur le durcissement de la lutte anti-gang. Une politique accusée d’avoir conduit à l’incarcération en masse d’Afro-américains. A l’époque, elle défendait le texte. Il fallait mettre les jeunes «au pas».

«Nous voulons des excuses»

En 1996, celle qui brigue aujourd'hui la Maison Blanche n’y allait pas de main morte lorsqu’il s’agissait de défendre les politiques de son mari. Même les plus controversées. Devant la violence des gangs qui rongeait l’Amérique des années 90, Bill avait décidé de se montrer ferme. Il avait fait voter une loi très répressive. Si la criminalité a baissé, certains accusent le texte d’avoir mené à l’incarcération de masse, sans discernement, d’une population parfois très jeune et souvent très black.

Pas de quoi ruiner l’enthousiasme d’Hillary. Du moins à l’époque : «Nous devons nous occuper de ces gens. Ils sont souvent reliés à d’importants cartels du trafic de drogue. Ce ne sont plus des gangs de gamins. Ce sont le plus souvent des super-prédateurs. Pas de conscience, pas d’empathie. Nous pouvons parler des causes mais d’abord, nous devons les mettre au pas.»

Ashley Williams, activiste du mouvement Black Lives Matters, ne s’est pas privée pour lui demander des comptes… et des excuses. Ce à quoi la candidate, visiblement gênée, a répondu : «Bien, puis-je parler ? Et ensuite peut-être que vous pourrez écouter ce que j’ai à dire.» Pas de quoi refroidir la militante qui lui a rétorqué : «Vous devez des excuses aux Afro-américains et des explications.» Au cours de leurs échanges, la jeune fille ira même jusqu’à préciser à Hillary Clinton qu’elle n’est pas un «super-prédateur».

L’attitude d’Ashley Williams a eu le mérite de surprendre la candidate : «Personne ne me l’avait demandé avant. Vous êtes la première. Et j’en suis ravie.» Les citoyens présents n’auront toutefois pas eu le luxe de connaître le sentiment d’Hillary Clinton. Le Secret Service s’étant gentiment proposé de montrer la sortie à la jeune activiste.

Le vote des noirs crucial pour Clinton

Cet épisode intervient à quelques jours d’une primaire primordiale pour la course à la Maison Blanche. Samedi, les électeurs sont appelés aux urnes en Caroline du Sud. Talonnée par Bernie Sanders au niveau national, Hillary Clinton se doit absolument de garder le soutien des femmes et des minorités. Dont la puissante communauté noire. Lors de la primaire du New Hampshire, l’écrasante victoire de Sanders s’est notamment construite avec l’aide d’un électorat jeune et… féminin. Une alerte rouge sur une campagne qui s’avère beaucoup plus difficile que prévue.

Autre voyant qui clignote, les sondages nationaux montrent que l’écart entre Clinton et son rival se resserre légèrement chez les Afro-américains. Le bad buzz provoqué par l’action d’Ashley Williams n’est certainement pas une bonne nouvelle pour la favorite démocrate. Le mouvement Black Lives Matter s’est fait un nom et possède un certain écho. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que des frictions interviennent entre ce dernier et Hillary Clinton. En octobre dernier, la candidate avait expulsé plusieurs activistes d’une salle d’Atlanta.

Elle peut néanmoins trouver de quoi se rassurer. Premièrement, la communauté noire américaine est encore largement derrière elle. C’est d’ailleurs le cas pour la plupart des minorités. Deuxièmement, elle peut déjà compter sur le soutien du puissant Caucus noir du Congrès.

Si les forces en présence restent figées, Hillary Clinton devrait l’emporter. Mais aux Etats-Unis plus qu’ailleurs, les choses bougent vite. Bernie Sanders est à l'affût. Attention à ne pas se faire doubler juste avant la ligne d’arrivée.