Un quatrième, âgé de 15 ans, a été condamné à l'enfermement dans un centre de détention pour mineurs pour une durée non déterminée, par un tribunal correctionnel de Minya (centre).
L'avocat des adolescents Maher Naguib a assuré à l'AFP que les trois jeunes, issus de la minorité copte et âgés de 15 à 17 ans au moment des faits, voulaient en réalité parodier une décapitation telle que la pratique le groupe jihadiste Etat islamique (EI). Les quatre adolescents n'avaient pas encore été arrêtés jeudi selon leur avocat qui entend faire appel, ce dernier étant suspensif.
Dans la vidéo, filmée en janvier 2015 par un de leurs professeurs qui avait lui-même été condamné à trois ans de prison dans un procès séparé, on peut voir l'un des ados s'agenouiller et mimer une prière musulmane, les autres gesticulant hilares autour de lui. L'un d'eux fait ensuite mine, avec le pouce, de décapiter celui qui priait.
Les condamnations pour outrage à la religion, qu'elle soit l'islam ou le christianisme, deux des fois protégées par la constitution égyptienne, sont relativement fréquentes selon les organisations de défense des droits de l'Homme qui le déplorent régulièrement. Entre 2011 et 2013, 27 accusés sur 42 jugés ont ainsi été condamnés, selon un rapport de l'Initiative égyptienne pour les droits des personnes.
Une autre ONG indépendante, la Commission égyptienne pour les droits et les libertés (ECRF en anglais), a fustigé jeudi juste avant l'énoncé des jugements à Minya «le retour en force du chef d'outrage à la religion comme instrument d'accusation contre les écrivains et les minorités religieuses». Selon elle, les quatre adolescents «mimaient des scènes visant à imiter les mises à mort pratiquées par les groupes terroristes».
Selon ECRF, les quatre jeunes avaient été interpellés en avril 2015 dans un contexte de querelles entre musulmans et chrétiens dans leur village de Nassiriya, dans la province de Minya où la minorité orthodoxe copte (6 à 10% de la population égyptienne) est très présente.
L'ONG, qui accuse la police de leur avoir fait subir des «mauvais traitements», affirme que les quatre adolescents ont alors passé 45 jours derrière les barreaux avant d'être remis en liberté sous caution dans l'attente de leur procès.
Au cours de ces quatre derniers mois déplore ECRF, trois Egyptiens ont été condamnés pour outrage à l'islam : un chercheur en sciences islamiques, Islam el-Behry, condamné le 29 décembre à un an de prison pour avoir critiqué le discours de certains imams et ainsi «mis en doute les enseignements fondamentaux» de l'islam ; le professeur des quatre adolescents de Minya, Gad Youssef Younan, à trois ans d'emprisonnement en décembre dernier pour avoir filmé la vidéo incriminée ; l'écrivain Fatma Naout à trois ans, le 26 janvier, pour avoir critiqué l'abattage rituel des animaux pour la fête sacrée du sacrifice, l'Aïd al-Adha.
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