Les observateurs de l'Union européenne ont dénoncé la partialité de ce scrutin. Ceux du Commonwealth, dirigés par l'ancien président nigérian Olusegun Obasanjo, ont également épinglé la «compétence» et la «crédibilité» de la Commission électorale ougandaise et déploré des «retards inexcusables». L'opposition, de son côté, accuse cette institution d'être partisane et de couvrir les fraudes commises par le régime.
«Les résultats de l'élection présidentielle doivent être rejetés»
Son principal rival, Kizza Besigye n'a obtenu que 35,37% des suffrages et l'ancien Premier ministre Amama Mbabazi 1,43%. Le taux de participation a été de 63,5%, selon les chiffres de la Commission électorale. Dès l'annonce des résultats, les appels à la contestation ont été lancés. «Les résultats de l'élection présidentielle doivent être rejetés», a notamment fait savoir dpar communiqué Kizza Besigye, tout en se disant victime d'une assignation à résidence.
Il a en outre dénoncé un processus électoral «frauduleux», mené par une Commission électorale qui «n'est pas indépendante». Il a encore déploré les retards constatés le 18 février, le blocage des réseaux sociaux, les restrictions à la liberté d'expression et les arrestations de ses partisans. «Les résultats qui viennent d'être annoncés ne reflètent pas la situation sur le terrain», a pour sa part estimé Amama Mbabazi, selon l'un de ses assistants.
Museveni est encore très populaire dans les campagnes
Le premier tour de la présidentielle et des législatives a été particulièrement chaotique à Kampala, réputée acquise à l'opposition : de nombreux bureaux ont ouvert avec plusieurs heures de retards, provoquant des heurts entre électeurs en colère et forces de l'ordre.
Pour s'assurer que l'opposition ne soit pas en mesure de descendre dans la rue, le pouvoir avait déployé, le 20 février, de larges effectifs de police dans les rues de Kampala, la capitale, après avoir assigné Kizza Besigye à résidence sous surveillance policière. Ce dernier avait été arrêté la veille pour la troisième fois de la semaine, accusé par la police de vouloir publier ses propres résultats électoraux, ce qui est interdit.
Arrivé au pouvoir en 1986, après avoir renversé l'autocrate Milton Obote, Yoweri Museveni est resté très populaire dans les campagnes. Il a pu bénéficier de la puissance financière et de l'expérience électorale de son parti, le Mouvement de résistance nationale (NRM). L'Ouganda, pays enclavé d'Afrique de l'Est dont la population est estimée à 37 millions d'habitants, n'a jamais connu d'alternance politique pacifique depuis son indépendance en 1962.
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