«Je voudrais souligner que la Russie est fermement engagée à établir l’origine du crash et a constamment fait tout ce qui était en son pouvoir pour aider à trouver la vérité, lors de l’enquête technique et après sa fin officielle», a écrit Oleg Stortchevoï , chef adjoint de Rosaviatsia, l’agence qui représente la Russie dans l’enquête sur le crash du vol MH17, dans une lettre où il s’adresse personnellement aux proches des victimes.
Désespérés d’obtenir une réponse déterminant qui a tiré le missile BOUK qui a abattu le Boeing 777-200ER de Malaysia Airlines, le 17 juillet 2014 dans le sud-est de l’Ukraine, les proches des victimes 298 victimes de ce crash ne se satisfont pas de la lenteur de l’enquête néerlandaise et ont envoyé une lettre au président russe Vladimir Poutine pour lui demander des éléments recueillis par les radars et satellites russes.
«Nous n’avons imposé aucune condition ou restriction concernant l’utilisation et la divulgation des données issues des radars, des enregistrements des conversations et autres données que nous avions fournies, à sa demande, au Bureau de la sécurité néerlandais. De plus, la Russie a stocké toutes ces données et est prête à les fournir de nouveau aux autorités compétentes», a déclaré Oleg Storchevoy.
Mi-janvier dernier, des proches de victimes ont aussi écrit une lettre au Premier ministre néerlandais, Mark Rutte, lui demandant d’obtenir des images radars qui pourraient aider à identifier les responsables de la mort de leurs proches et amis. «Nous ne pouvons pas admettre que des gens ont refusé de fournir ces informations cruciales», ont-ils écrit.
«Les seules données disponibles sont russes»
Si les autorités russes n’étaient pas impliquées dans le contrôle de ce vol funeste, elles ont néanmoins participé à l’enquête en raison des informations uniques qu’ont captées les radars de Rostov-sur-le-Don, une ville du sud de la Russie, située non loin de la frontière ukrainienne.
«Je voudrais souligner que la Russie a dévoilé toutes ses données satellites disponibles, immédiatement après le crash», a déclaré Oleg Stortchevoï.
Le directeur-adjoint de Rosaviatsia a souligné que les données des radars russes étaient les seules dont disposaient les enquêteurs néerlandais, parce qu’il s’est avéré que les stations-radar ukrainiennes ne fonctionnaient pas le 17 juillet «pour des raisons inconnues». Les autorités ukrainiennes n’avaient aucun système de secours pour garantir la sécurité du vol au-dessus de la zone du sud-est du pays où se déroulaient des combats armés.
«La Russie est intéressée au plus haut point à la clarification des véritables causes de l'accident et a, pendant toute la période de l’enquête technique, comme après sa fin officielle, utilisé et continue d’utiliser tous les moyens à sa disposition pour établir la vérité», a déclaré Oleg Stortchevoï, le directeur adjoint de Rossaviatsia.
Le rapport néerlandais a ignoré les données russes
Après la tragédie en août 2014, la Russie a remis au Conseil de sécurité néerlandais (Onderzoeksraad Voor Veiligheid, OVV) toutes les données de radars primaires en sa possession fixant le vol MH17. La partie russe continue de conserver ces données et est prête à les fournir à nouveau aux organisations appropriées et mandatées.
Oleg Stortchevoï a également souligné que les données radar primaires avaient été transférées à l’OVV, au format d’enregistrement vidéo réalisé depuis l’écran du radar de contrôle aérien russe. De plus, il n’est signalé nulle part dans le rapport final de l’organisme néerlandais, que cela aurait affecté les conclusions sur les circonstances et les causes de l'accident du vol MH17.
Les données russes, cependant, n’ont pas été prises en compte dans le travail de l’OVV et n’ont pas été incluses dans le rapport d’enquête. S’adressant aux proches des victimes, Oleg Stortchevoï a assuré : «La Russie, tout comme vous, est intéressée à ce que l'enquête sur cette terrible tragédie soit la plus rapide, la plus approfondie et la plus impartiale, et soutient pleinement vos demandes, adressées aux dirigeants des Etats-Unis et de l'Ukraine, exigeant de fournir aux enquêteurs l'information nécessaire.»
Les Etats-Unis, l'Ukraine et les Pays-Bas ne montrent pas de volonté d'enquêter sur le crash du MH17
Les Etats-Unis et l’Ukraine n’ont pas toujours rendu publiques les images satellite qui, selon les déclarations du secrétaire d'Etat américain John Kerry, sont à leur disposition depuis le moment de la chute de l’appareil et pourraient éclaircir les circonstances de la catastrophe.
L’impartialité de l’enquête néerlandaise est par ailleurs mise en cause. Selon le représentant de l’aviation civile russe, l’enquête technique a duré si longtemps et a abouti à des conclusions « vagues et abstraites » sans que l’on sache pourquoi les autorités néerlandaises ont toléré que les faits soient altérés et que l'information soit déformée. Il s’interroge aussi sur les raisons pour lesquelles des informations importantes, fournies par la partie russe, n’ont pas été prises en compte. La Russie a, en effet, rendu publics- fait rare- des détails sur la conception des missiles Bouk et Bouk-M1 et la compagnie Almaz-Anteï, qui a créé ces systèmes de missiles anti-aériens, a mené sa propre enquête.
La Russie a invité, à plusieurs reprises, les collègues-enquêteurs néerlandais à participer à ces travaux, mais l’OVV, comme l'équipe conjointe d'enquête n’ont montré aucun intérêt pour une telle coopération. Néanmoins, la Russie qui a fait tout son possible pour apporter sa contribution à l’enquête continue de faire l’objet de critiques.
«C’est justement pour ces raisons que la Russie demande aux proches et aux amis des victimes d’exiger des réponses à toutes les questions posées, ainsi qu’une transparence maximale, l'objectivité, la rigueur et la diligence de l'enquête, à la fois de la part des autorités néerlandaises et des partenaires des Pays-Bas dans cette investigation», a conclu Oleg Stortchevoï.