Dans une interview par ailleurs consacrée à son dernier livre, «La femme aux cheveux rouges», Orhan Pamuk a commencé par s'indigner de l'indifférence que le monde occidental réserve à la Turquie qui connaît une grave répression en matière de droits de l'Homme et de liberté de la presse.
Lire aussi : Le journaliste turc emprisonné dénonce l'accord de l'UE avec «le fasciste Erdogan»
«En Occident, toute la dimension autoritaire du parti actuellement au pouvoir en Turquie (l'AKP du président Recep TayyipErdogan) est abandonnée au profit de réflexions incessantes sur les problèmes posés par le terrorisme de l'Etat islamique et les flux migratoires vers l'Europe», a expliqué Orhan Pamuk.
«Dans le monde occidental, à part quelques associations, presque personne ne se soucie de la démocratie en Turquie car l'Europe souhaite maintenir de bonnes relations avec Ankara pour que celle-ci l'aide à contenir le flux de migrants transitant par son territoire en direction du continent européen», a martelé Pamuk, pour qui l'Europe agit ainsi au détriment de la liberté et des droits de l'Homme en Turquie, fermant les yeux sur la répression politique qui sévit dans le pays.
«Ce n'est que lorsque que je dis "Tenez, au fait, en Turquie on jette les journalistes en prison", que mes amis vivant à l'étranger commencent à prêter attention à la question», a ajouté l'écrivain rappelant que plus de 60 journalistes sont actuellement emprisonnés en Turquie pour avoir osé critiquer la politique d'Ankara.
Lire aussi : Ahmet Insel : «La presse d’opposition turque est systématiquement réprimée»