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L’un des plus grands campements de Roms de Paris évacué (PHOTOS, VIDEO)

A la suite d’une décision de justice, 400 Roms installés depuis le mois de juin sur les rails désaffectés de la «Petite ceinture» ont été évacués le 3 février. L’opération vivement critiquée par les ONG a été menée dès l’aube par la police.

Pas moins de 135 cabanons seront détruits pour libérer l’assiette foncière appartenant à la SNCF Réseau située à proximité de la porte de Clignancourt dans le XVIIIème arrrondissement. Les conditions d’hygiène très précaires et les moyens de chauffages inadéquats ont longtemps fait planer un risque d’incendie dans ce lieu où résidaient de nombreuses familles.

Pour mener cette évacuation à bien, des CRS ont été déployés autour du bidonville afin de prévenir tout débordement. Selon des témoins sur place, aucun incident n’a été recensé mais certains habitants ont fait part de leur incompréhension. «On est Européens, pourquoi on n'a pas de droits ?», s’est interrogé l’un d'eux. A la fin de l'opération, des CRS sont entrés dans le bidonville afin de s'assurer que personne n'occupait les lieux. 

 

Plusieurs ONG s’insurgent contre l’opération de démantèlement 

Au premier rang des organisations qui ont vivement critiqué l’éradication du bidonville, l'ONG Amnesty International. Le 2 février, l’organisation s'était indignée qu'aucune «solution de relogement adaptée» n’ait été proposée aux personnes concernées. Dans un communiqué, elle demande aux autorités de «prendre en compte la trêve hivernale» et «de permettre la mise en œuvre d’une solution pérenne et digne». Elle indique en outre qu’«un projet de construction impliquant des habitants du bidonville, des associations et des architectes est en cours d’étude, il offrirait aux Roms une sortie digne du bidonville et l’accès à un logement leur ouvrirait les portes de l’emploi».

La veille de cet appel, une manifestation avait eu lieu dans la capitale pour protester contre la destruction programmée du bidonville. Selon l'association La voix des Roms, une expulsion expose à une «précarisation encore plus grande des familles qui vivent sur le terrain». 

«Une grande partie des habitants du bidonville sont partis pour mettre leurs biens à l'abri et reconstituer un nouveau campement. C'est un schéma habituel, c'est toujours plus facile d'expulser plutôt que de trouver des solutions durables. C'est l'expulsion qui pérennise les bidonvilles depuis 25 ans», estime pour sa part Manon Fillonneau, du collectif RomEurope. 

Sur les 274 personnes recensées par la préfecture, 80 ont été dirigées vers une dizaine d’hôtels franciliens. En revanche, aucune indication n’a été donnée par les autorités préfectorales concernant les personnes installées récemment dans le bidonville et qui n’ont pas été comptabilisées. 

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