«En Israël et dans les territoires palestiniens occupés, 2016 a débuté comme 2015 s’est terminé, c’est-à-dire avec une violence inacceptable et un débat public aux positions très tranchées», a écrit Ban Ki-moon dans une tribune publiée dans le New York Times. «Cette polarisation s’est illustrée dans les couloirs des Nations unies la semaine dernière, lorsque j’ai énoncé une simple vérité : l’histoire démontre que les peuples résisteront toujours à l’occupation», a-t-il affirmé.
Dans une pique au Premier ministre israélien, qui a accusé le 26 janvier le secrétaire général d’«attiser le terrorisme», Ban Ki-moon a affirmé que Benjamin Netanyahou, le Premier ministre israélien, avait déformé ses propos. «Certains ont pensé à tirer sur le messager, en faisant de mes mots une justification de la violence», a-t-il écrit. «Les attaques au couteau, à la voiture bélier et les autres attaques de Palestiniens visant des civils israéliens sont condamnables. L’incitation à la violence et la glorification des tueurs le sont tout autant, rien n’excuse le terrorisme que je condamne catégoriquement».
Ban Ki-moon a néanmoins ajouté qu’il était «inconcevable» que la violence ne soit vaincue uniquement en renforçant les mesures de sécurité. «Comme je l’ai énoncé au Conseil de Sécurité la semaine dernière, la frustration et les demandes palestiniennes croissent sous le poids de près d’un demi-siècle d’occupation», a-t-il poursuivi. «Les ignorer ne les feront pas disparaître. Personne ne peut nier que la réalité quotidienne de l’occupation provoque de la colère et du désespoir, qui sont des facteurs qui poussent à la violence et à l’extrémisme, et qui minent tout espoir d’une solution à deux Etats.
Le secrétaire général des Nations unies a critiqué l’extension des colonies juives en Cisjordanie, ainsi que la démolition d’habitations palestiniennes déclarées illégales. «Le gouvernement [israélien] a approuvé des plans visant à construire 150 nouveaux logements dans des colonies illégales en Cisjordanie. Le mois dernier, 150 hectares en Cisjordanie ont été désignés comme "terrain d’Etat", un statut qui mène à l’exploitation exclusive des colons israéliens», a-t-il affirmé. «Au même moment, des milliers de logements palestiniens en Cisjordanie risquent d’être détruits à cause de prétextes qui peuvent être légaux sur le papier mais qui sont discriminatoires dans la pratique. Les Palestiniens – et plus particulièrement les jeunes – perdent espoir concernant ce qui semble être une occupation humiliante et sans fin».
Ban Ki-moon a affirmé qu’il «défendrait toujours le droit d’Israël à exister», ainsi que «le droit des Palestiniens à avoir leur Etat». Il a ajouté que l’ONU était engagée dans la promotion de la paix et des valeurs démocratiques dans la région, mais le secrétaire général a souligné qu’il n’était pas «soutenable d’attaquer sans relâche toutes les critiques bien intentionnées».
L’ambassadeur d’Israël auprès des Nations unies, Danny Danon, a rapidement répondu à la tribune de Ban Ki-moon en affirmant qu’il n’y avait jamais eu de justification au terrorisme. «Il n’y a pas d’excuse pour le meurtre de femmes dans leurs maisons devant leurs enfants. Le système d’incitation palestinien produit du terrorisme et le secrétaire général de l’ONU légitime le terrorisme avec ses mots», a-t-il affirmé.
La déclaration de Ban Ki-moon, selon laquelle il relevait de «la nature humaine de résister à l’occupation» a provoqué un scandale en Israël où certains hommes politiques se sont empressés de condamner fermement cette déclaration.
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