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Pourquoi la Grèce va avoir du mal à freiner l'afflux de réfugiés, selon Frontex

Frontex, l'agence de l'Union européenne pour la gestion des frontières extérieures, a indiqué à l'AFP que la Grèce aura beaucoup de mal à réduire le flux de migrants qui arrivent sur son territoire pour plusieurs raisons, notamment géographique.

La Grèce est actuellement sous le feu des critiques de ses partenaires européens qui lui reprochent de laisser entrer trop de migrants. Pourtant, des obstacles légaux et géographiques empêchent de contrôler efficacement les frontières de la Grèce, a déclaré la porte-parole de l'Agence européenne pour la gestion des frontières extérieures de l'UE, basée à Varsovie, Ewa Moncure. Elle s'exprimait au retour d'un voyage à Lesbos, une des îles grecques confrontées à l'afflux de migrants.

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Lorsque ses bateaux recueillent des migrants en mer, il est tout simplement légalement impossible à Frontex de les renvoyer chez eux. «Il en a toujours été ainsi, c'est le principe de non-refoulement», a indiqué la porte-parole.

«Il est très facile d'arriver (en Grèce) par la mer. Ce n'est pas un champ où on peut mettre une clôture», a déclaré Ewa Moncure. «Selon le droit international, toute personne qui franchit une frontière européenne a la possibilité de déposer une demande d'asile», a-t-elle ajouté.

Les bateaux et les collaborateurs de Frontex, lorsqu'ils recueillent en mer des migrants, «ne peuvent que les emmener en Grèce», poursuit la porte-parole de l'agence. «En pleine mer il est impossible de les interroger, d'autant que souvent ils n'ont pas de documents identité. Seuls ceux recueillis par les Turcs sont ramenés en Turquie. Et seuls les passeurs font demi-tour quand ils voient les bateaux de Frontex, car ils risquent la prison. Les migrants ne risquent rien, sauf qu'ils risquent leur vie en haute mer, la plupart veulent demander l'asile, les autres veulent simplement arriver en Europe», précise-t-elle.

La longueur des côtes grecques et les centaines d'îles qui composent le pays rendent les frontières de la Grèce quasiment impossible à surveiller dans leur ensemble. Il en est de même pour la côte libyenne, longue de mille kilomètres, d'où les migrants naviguent vers l'Italie. «Tenter d'y intercepter un canot de réfugiés c'est comme chercher une voiture dans un pays comme la Roumanie», a encore ajouté Mme Moncure.

En plus, ceux qui partent de Libye voyagent dans les eaux internationales, où le droit protège la liberté de navigation et interdit aux gardes-côtes d'intercepter une embarcation, sauf si c'est pour lui porter secours. Un problème qui «n'existe pas entre la Turquie et la Grèce, où les bateaux de Frontex se trouvent toujours dans les eaux territoriales de l'une ou de l'autre».

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