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L'Etat islamique se sert du plus grand barrage de Syrie comme abri et... comme arme potentielle

Le barrage de Taqba, situé à environ 40 kilomètres de Raqqa, la place forte de l'Etat islamique en Syrie, pourrait, s'il était détruit par un bombardement de la coalition ou par l'Etat islamique lui-même, inonder une partie de l'Irak et de la Syrie.

Daesh utilise le barrage afin d'abriter «des prisonniers très importants» réclamés par les Etats-Unis et d'autres gouvernements, selon un officiel de Son et Image, un groupe anti-Daesh situé en Syrie. Si le barrage venait à être détruit, «cela serait un désastre écologique pour l'Iraq et une catastrophe humanitaire pour la Syrie», a confié au Wall Street Journal Ariel Ahram, professeur à l'Université de Virginia Tech qui a étudié les barrages du Moyen-Orient. Des experts de la région et des officiels américains craignent aussi que le groupe ne fasse lui-même sauter le barrage en dernier recours, si l'Etat islamique était en passe de perdre la guerre.

Aaron Wolf, spécialiste en gestion des ressources aquifères et en géopolitique du Moyen-Orient à l'Université de l'Oregon, a déclaré au journal américain : «Bien sûr que vous pouvez vous inquiéter. Ce n'est pas le genre de personnes que vous voulez voir au contrôle des artères de la région». L'eau relâchée par la structure pourrait dévaster une partie de l'Irak et causer des coupures de courant dans tout l'est de la Syrie.

Ce mois-ci, le département d'Etat a émis des craintes similaires concernant le barrage de Mossoul et a mis en garde sur le fait que sa destruction pourrait provoquer la mort de 500 000 personnes et faire plus d'un million de sans-abris.

La hausse du niveau de l'eau au printemps, lorsque le Tigre est alimenté par les pluies et la fonte des neiges, pourrait conduire à la détérioration du barrage long de 3,5 kilomètres, que les forces irakiennes et kurdes ont repris à l'Etat islamique il y a 16 mois. Dans un appel au Premier ministre irakien Haïder al-Abadi, le président américain Barack Obama a souligné la nécessité de procéder des réparations d'urgence sur le barrage afin d'éviter une tragédie.


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