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En Roumanie, écrire des livres permet de sortir plus vite de prison

Depuis 2013, une loi permet aux prisonniers qui publient une dissertation scientifique de bénéficier d’une remise de peine pouvant aller jusqu’à trente jours, ce travail étant reconnu d’intérêt public. Un phénomène qui donne lieu à de nombreux abus.

Fonctionnement des institutions européennes, développement de l’économie roumaine, pratiques matrimoniales entre le 14e et le XVIe siècle… Peu importe les sujets traités, du moment qu'ils permettent à leurs auteurs de sortir plus vite. Selon La Croix, certains publieraient un ouvrage tous les deux mois !

En 2013, en Roumanie, quatorze ouvrages et articles scientifiques étaient publiés par des détenus. En 2015, ce chiffre est passé à 338 explique le quotidien catholique.

Pour être validé, le texte scientifique doit avoir reçu la recommandation d’un professeur universitaire et être publié par une maison d’édition accréditée auprès du Conseil national de la recherche scientifique.

Mais les enjeux sont tels, que la pratique a pris des allures de business pour certains académiciens et éditeurs peu scrupuleux : récemment, un détenu, auteur de cinq ouvrages écrits derrière les barreaux, a reconnu qu’il avait fait appel à une personne hors de la prison pour rédiger ses livres.

Le phénomène prend tellement d'empleur que la ministre de la Justice évoque un filon devenu hors de contrôle, à tel point qu'elle envisage de modifier la loi. 

Outre les abus qu'il entraine, le scandale révèle la crise profonde que traversent le système éducatif et le monde de l’édition en Roumanie.

Le pays est coutumier du fait : ces dernières années, des triches quasi institutionnalisées ont été mises en lumière dans le domaine de l’enseignement. En 2012, le premier ministre Victor Ponta lui-même était accusé de plagiat pour sa thèse de doctorat et de nombreux faux docteurs ont été démasqués dans le rang des ministres et autres hauts fonctionnaires.