International

Au Monténégro, un ancien camp de concentration va être transformé en hôtel de luxe

Le fort de Mamula, utilisé comme prison par Mussolini durant la Seconde Guerre mondiale pourrait être transformé en hôtel de luxe. Les familles des anciens prisonniers sont scandalisées.

C’est ce qu’on appelle du tourisme d'un goût douteux. Le Monténégro a ainsi approuvé la transformation d’un ancien camp de concentration en hôtel de luxe. Le fort de Mamula, située sur le littoral de la mer Adriatique, était en effet utilisé par les forces fascistes italiennes pendant la Seconde Guerre mondiale pour emprisonner des opposants politiques.

Au total, près de 2 000 personnes auraient été enfermées dans ce lieux où 80 prisonniers auraient été exécutés et 50 seraient morts de faim, selon une association d’anciens combattants. Mais pour le Monténégro, ce n’est pas un problème. Le pays a accordé un bail de 49 ans à une socité helvético-égyptienne qui compte y bâtir un hôtel haut de gamme. La construction d'une discothèque, d'un spa et d'un port de plaisance sont prévus en lieu et place des cellules et des lieux d’exécutions.

Selon le Monténégro, il s’agit de rendre ce lieu «accessible aux visiteurs», afin d’éviter de «laisser le site tomber en ruines». Selon le conseil d'administration national pour le développement du tourisme, «des pays beaucoup plus riches que le Monténégro ont choisi de préserver des bâtiments semblables de cette manière, même des sites protégés par l'Unesco».

Sauf que ces derniers n’étaient pas des lieux symbolisant l’horreur de la Seconde Guerre mondiale. «Aucun camp de concentration dans le monde n'a été transformé en hôtel», a dénoncé un groupe de personnes opposées à ce projet.

Le Monténégro doit en effet faire face à une opposition féroce de la part d’une association qui réunit des familles d’anciens prisonniers du fort de Mamula. «Construire un hôtel de luxe tourné vers les loisirs à cet endroit où tant de personnes sont mortes et ont souffert est un exemple flagrant de mépris de l'Histoire», a déclaré à l'AFP Olivera Doklestic, dont les grand-père, père et oncle ont été emprisonnés à Mamula.

Le Monténégro affirme toutefois qu’un mémorial en hommage aux anciens prisonniers sera installé sur place.