International

La Suisse aurait conclu un pacte secret avec l’OLP en 1970 pour stopper les attentats palestiniens

Après le détournement d’avions suisses, dont l’un avait fait 47 morts, des membres du gouvernement, dont le jeune conseiller Jean Ziegler, ont mené des discussions avec l’organisation de lutte armée palestinienne, contre l’avis des Etats-Unis.

C’est le journal suisse NZZ qui révèle l’accord secret, qui aurait abouti en 1970, et dont les détails complets ne seront pas déclassifiés avant 2020.

Le quotidien révèle que le ministre des Affaires étrangères suisse de l’époque aurait rencontré des officiels de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP), dirigée par Yasser Arafat. L’objectif de la délégation helvète était de négocier un pacte diplomatique afin de s’assurer qu’aucune autre attaque n’ait lieu sur son territoire, après que deux avions de la compagnie nationale Swissair aient été pris pour cible.

Ainsi, en février 1970, un avion pour Tel Aviv s’était écrasé après qu’une bombe ait explosé à son bord, tuant ses 47 passagers. Si les auteurs de l’attentat n’ont jamais pu être démasqués, les autorités suisses soupçonnaient l’OLP.

En septembre, un autre appareil de la compagnie suisse, à destination de New York, avait été détourné par le Front Populaire de Libération de la Palestine, une organisation affiliée à l’OLP. Après un atterrissage forcé en Jordanie, les passagers avaient été maintenus en otage durant plusieurs semaines.

Pour éviter que de tels actes se reproduisent, le ministre socialiste Pierre Graber a, sans l'accord de ses collègues, décidé d'entamer des discussions avec les dirigeants de la lutte armée palestinienne.

L'homme politique aurait ainsi fait appel au jeune conseiller national Jean Ziegler, aujourd'hui célèbre pour ses livres et sa fonction de rapporteur spécial de l'ONU sur le droit à l'alimentation. Utilisant ses contacts, ce dernier aurait organisé une rencontre à Genève entre Pierre Graber et l'OLP, dans le secret le plus absolu.

A l'issue des discussions, il aurait finalement été convenu que la Suisse cesserait d'être visée par les attaques, en échange de quoi celle-ci devrait soutenir les efforts du mouvement palestinien dans sa quête de reconnaissance diplomatique.

Sur la télévision nationale RTS, Jean Ziegler, qui s'est récemment exprimé sur ces révélations, a fait part de l'«immense admiration» qu'il avait ressenti en observant les talents de diplomate du ministre des Affaires étrangères suisse de l'époque.

Dans un contexte d'attaques palestiniennes dans différents coins du monde, les négociations menées par la Suisse risquaient de créer une véritable crise diplomatique avec les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, ou encore Israël, qui étaient fermement opposés à toute discussion avec l’OLP, considérée comme terroriste. 

Aller plus loin : Bill Clinton aux Israéliens : «Vous devez poursuivre l'héritage d'Yitzhak Rabin»