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Burkina Faso : qui sont les assaillants de l'hôtel Splendid ?

L'attaque de l'hôtel Splendid à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, a été revendiquée le 16 janvier par Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), qui l'a attribuée au groupe Al-Mourabitoune de Mokhtar Belmokhtar.

Ce sont au moins quatre personnes, dont deux femmes djihadistes, qui ont mitraillé les terrasses des bars Taxi-Brousse et Cappuccino sur l'avenue Kwame Nkrumah, l'une des artères principales de Ouagadougou, au Burkina Faso. Elles se sont ensuite retranchées dans l'hôtel Splendid après avoir incendié des véhicules stationnés devant le bâtiment. «C’était des enfants. J’ai eu l’impression que leurs tirs les faisaient reculer, tant leurs armes paraissaient lourdes pour eux», décrit un témoin, Jérémie Bangou, légèrement blessé à la main droite, à l’entrée de l’hôpital Yalgad, interrogé par Le Monde.

Le ministre burkinabé de la Sécurité intérieure, Simon Compaoré, a indiqué pour sa part que trois djihadistes avaient été identifiés : «Le plus jeune ne doit pas avoir plus de 26 ans», a-t-il précisé avant d'ajouter que les deux véhicules utilisés par les assaillants étaient immatriculés au Niger.

Mokhtar Belmokhtar est resté fidèle à AQMI

Ce pays fait parti de la zone dans laquelle opère le groupe Al-Mourabitoune qui n'en est pas à son premier coup d'éclat. En 2013, Mokhtar Belmokhtar, le djihadiste d'origine algérienne qui dirige l'organisation surnommé le «borgne» était déjà à l'initiative de l’assaut contre le complexe gazier d’In Amenas, en Algérie, en janvier 2013. Près de 800 personnes y étaient retenues en otage à un moment donné et l'attaque terroristea coûté la vie à 39 d'entre eux, ainsi qu'à 29 combattants djihadistes.

Plus récemment, c'est encore cette organisation fondée en 2012 après une fusion entre «Les Signataires par le sang» et les Maliens du Mujao qui attaque l'hôtel Radisson de Bamako au Mali, en novembre 2015. Le raid avait fait près de 20 morts, dont 14 étrangers, à l'issue d'une autre prise d'otages.

Contrairement à plusieurs autres groupes rebelles de la région qui ont prêté allégeance à l'Etat islamique, Mokhtar Belmokhtar, est resté fidèle à AQMI. L'attentat du 15 janvier pourrait être, pour Khaled Abou Al-Abbas de son nom de guerre, le moyen de réaffirmer sa position de chef d'Al-Mourabitoune alors qu'un des dirigeants du groupe a prêté allégeance à l'Etat islamique en mai dernier. Mokhtar Belmokhtar l'avait d'ailleurs immédiatement désavoué.

Oussama Ben Laden, son modèle

Né en 1972, à Ghardaïa en Algérie, «le borgne» serait ainsi à l'initiative de la mise en place de la branche sahélienne d'Al-Qaïda. Il rencontre l'organsiation à l'âge de 20 ans, en Afghanistan, lorsqu'il décide d'aller se battre aux côtés des moudjahidine. Il retourne ensuite dans son pays natal où il crée sa première katiba en 1993, la Brigade du martyre, en pleine guerre civile. Il se fait alors remarquer par les responsables du GIA, le Groupe islamique armé, grâce à ses premiers grands faits d'armes, notamment les assassinats de treize policiers et de cinq coopérants étrangers.

Il choisit ensuite de s'installer au nord du Mali, du côté de Tombouctou où il contacte Al-Qaïda à la fin des années 1990 pour être ravitaillé en armes et munitions. Il se serait inspiré de l'internationalisme de l'organisation d'Oussama Ben Laden, son modèle, pour planifier l'organisation d'attentats dans toute la bande sahélienne. En 2008, certains de ses combattants, faits prisonniers après l'assassinat de quatre français en Mauritanie, décrivent des méthodes d'entraînement rigoureuses auxquelles les combattants d'Al-Mourabitoune sont soumis par leur chef tout puissant.

Enrichi grâce aux rançons versées pour la libération des otages, il a gagné beaucoup d'argent en pratiquant la contrebande de produits alimentaires, de carburant, de tissus ou de pièces détachées au sein de régions déshéritées. La rigueur et le sens stratégique de ce «fou d'Allah» a fait de Mokhtar Belmokhtar un combattant insaisissable qui propage le terrorisme dans la région depuis près de 20 ans.

Plusieurs fois déclaré mort, il fuit le Mali pour la Libye début 2013, au moment de l'opération française Serval pour contrer l'avancée djihadiste. Il entre alors en contact avec Ansar Al-Charia, un autre mouvement lié à Al-Qaida. C'est à ce moment qu'il se sépare d'AQMI dont les dirigeants lui reprochent son manque de collaboration. En mai dernier, il réaffirmait son attachement à cette organisation, rejetant le «radicalisme débridé de l’EI».