Elle doit être dirigée par la France, les Etats-Unis et l'Angola. L'envoie de cette mission correspond à une des dernières recommandations du chef des opérations de maintien de la paix au Burundi, Hervé Ladsous, dans le document strictement confidentiel qu'il a adressé au Conseil. Il a été diffusé sur le site Vice News dimanche dernier.
Vers un déploiement de 4 000 casques bleus ?
Le constat dressé est alarmant. Les attaques sont récurrentes à l'encontre des membres de l'opposition et de la société civile de la part de la police, des services de sécurité et les Imbonerakure (mouvement de jeunesse du parti au pouvoir le CNDD-FDD). Trois scénarios gradués sont privilégiés pour l'avenir du pays : une stabilisation de la situation avec une poursuite des violations des droits de l'Homme nécessitant le déploiement de soldats de l'Union africaine et l'envoi d'une mission d'observation est le premier scénario.
Hervé Ladsous prédit dans les deux autres scénarios une sévère dégradation de la situation. Une guerre civile embrasant tout le pays est envisagée. Elle entraînerait deux millions de déplacés et pourrait dégénérer en un génocide impactant toute la région dans le scénario du pire. Un déploiement de 4 000 casques bleus serait à l'étude après une phase préparatoire d'un mois et l'envoie éventuel de contingents additionnels les mois suivants.
Le chargé de communication de la présidence burundaise, Willy Nyamitwe, n'a pas manqué de réagir, dénonçant «une grossière erreur d’appréciation».
Une situation explosive
Le Burundi a vu l'apparition de groupes armées d'opposition au chef de l'Etat Pierre Nkurunziza ces derniers mois avec notamment les Forces républicaines du Burundi (Forebu) et la Résistance pour un Etat de droit au Burundi (RED-Tabara). La situation est explosive. Ce mercredi, deux policiers ont été lynchés dans la commune de Muramvya à 50 km de Bujumbura, alors qu'ils roulaient à bord d'un véhicule en route vers la capitale.
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Depuis les manifestations quasi quotidiennes organisées par l'opposition contre la candidature à un troisième mandat du président Pierre Nkurunziza réélu en juillet dernier, la contestation s'est radicalisée, de même que la répression qui s'est accentuée au mois de décembre. Plusieurs dizaines de personnes de l'opposition auraient été tuées par la police ces dernières semaines à Bujumbura, qualifiés «d'exécutions sommaires», par certains témoignages.