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Kadhafi a accusé Blair d’avoir soutenu Al-Qaïda, selon des transcriptions téléphoniques inédites

Les transcriptions des appels téléphoniques entre Tony Blair et Mouammar Kadhafi révèlent que le dirigeant libyen a forcé l’ancien Premier ministre à confirmer qu’il ne soutenait pas Al-Qaïda, au moment des troubles dans le pays.

Jeudi, le Parlement britannique a dévoilé des transcriptions inédites de deux conversations téléphoniques entre Tony Blair et Mouammar Kadhafi datant du 25 février 2011. Le contenu de ces coups de fil a été remis par Tony Blair à la commission des Affaires étrangères après son audition dans le cadre d'une enquête parlementaire le 11 décembre.

Blair accusé de soutenir Al-Qaïda

Il s’est avéré que Tony Blair avait subi des pressions pour répondre à certaines allégations lors des appels, y compris celles affirmant qu’il soutenait Al-Qaïda.

«Les gens propagent des rumeurs via la télévision. Ces gens de Guantanamo, nous connaissons leurs noms, ils soutiennent Al-Qaïda, est-ce que vous soutenez Al-Qaïda ?», lui a demandé Kadhafi.

Blair, qui a mené le rétablissement des relations entre l’Occident et le chef libyen a à son tour répondu «Non, absolument pas».

Après quoi, Kadhafi a accusé l’ancien Premier ministre de tentatives de recolonisation de la Libye. «Cela ressemble à une colonisation, je devrais armer le peuple et nous préparer pour le combat».

Cependant Blair a rejeté son accusation. «Personne ne veut recoloniser la Libye. La Libye est pour son peuple», a-t-il souligné.

«Trouver un lieu sûr»

Lors de la conversation, l’ancien Premier ministre a appelé Kadhafi à trouver un «lieu sûr» afin de promouvoir un processus de paix en Libye.

Les transcriptions montrent Blair essayer de convaincre le dirigeant libyen de permettre une résolution pacifique à la crise déchirant la Libye et éviter des guerres civiles prolongées.

«La position du leader est cruciale. Il faut qu'il montre qu'il accepte le changement et qu'il se retire pour que ce changement s'opère sans violence», en parlant de lui à la troisième personne. «Si vous avez un endroit sûr où vous rendre, vous devriez y aller car ceci ne va pas se terminer sans violence,» insiste-t-il, plus direct.

«Nous n’avons pas de problèmes»

Cependant, le leader libyen renversé, a à plusieurs reprises demandé de laisser le pays en paix, insistant sur le fait qu’il n’y avait pas de conflit en Libye.

«Nous n’avons pas de problèmes, laissez-nous en paix», a fait savoir Kadhafi à Blair. «Nous ne les combattons pas, ils nous attaquent.» Il l'a invité ensuite à plusieurs reprises à venir voir sur place qu'il n'y a «aucune violence en ce moment à Tripoli».

«Je veux vous dire la vérité. Nous ne connaissons pas de situation difficile. Il y a seulement une organisation qui a établi des cellules passives en Afrique du Nord. Nommé Al-Qaïda en Afrique du Nord… Les cellules passives en Libye ressemblent aux cellules dormantes aux Etats-Unis avant le 11 septembre», a-t-il souligné expliquant la situation.

De plus, Kadhafi a prévenu du danger que les djihadistes représentaient. «Ils veulent contrôler la Méditerranée et ils attaqueront l’Europe».

En s’adressant aux députés du Parlement, lors de son audition dans le cadre de l'enquête, Tony Blair avait annoncé que la situation en Libye, plongée aujourd'hui dans le chaos, déchirée en deux gouvernements rivaux et menacée par l'expansion de Daesh, serait «encore pire» sans le renversement de Kadhafi, tué le 20 octobre 2011.