L'Euroscepticisme est-il en train de gagner du terrain en Allemagne ? Depuis la décision du pays d'accueillir près d'un million de migrants, des voix discordantes se sont levées à l'intérieur comme à l'extérieur du pays. Même les plus proches soutiens d'Angela Merkel ont fait publiquement état de leur désaccord quant à la politique migratoire actuelle. Wolfgang Schäuble, le ministre des Finances ,avait récemment indiqué que l'Allemagne était confrontée à une «avalanche» de réfugiés provoquée par un «skieur négligent» en faisant référence à la chancelière.
Manfred Weber, membre du CSU (aile bavaroise du CDU ) et président du parti populaire européen (PPE), a apporté son soutien au Premier ministre anglais au sujet de sa décision de geler les aides sociales destinées aux migrants résidant depuis moins de quatre ans au Royaume-Uni. «Le CSU est un allié solide pour Cameron», a-t-il déclaré au Guardian . «Il sera entre amis. Il a des amis en Allemagne». Le 6 janvier, le locataire du 10 Downing Street sera présent aux côtés d'Angela Merkel à la session annuelle du parti qui ouvre traditionnellement l'année politique dans le pays. Une occasion pour lui de réaffirmer son ambition d'avoir un consensus global autour d'une refonte de l'organisation de l'Union européenne.
L'optimisme de certains dirigeants allemands tranche avec les récentes critiques émises par Angela Merkel. Peu avant le sommet européen qui s'est tenu le 17 décembre dernier, elle avait prévenu les Britanniques sur une réforme globale. «Nous voulons, d'un côté, arriver à un accord pour que le gouvernement britannique puisse faire campagne avec succès pour le maintien dans l'UE lors du référendum. Mais d'un autre côté, nous ne remettrons pas en question les acquis fondamentaux de l'intégration européenne» avait-elle alors déclaré. Une vision partagée par Bruxelles. Mardi, la commission européenne a fait savoir que les demandes de Londres avaient de fortes probabilités d'être rejetées car celles-ci entraient en contradiction avec les principes qui ont fondé l'Union européenne.
Au delà de la volonté de Londres de réduire drastiquement les entrées de migrants sur son territoire, les réformes exigées par Londres portent notamment sur une plus grande garantie de souveraineté économique et politique des États membres. Si, le Royaume-Uni ne fait pas partie de la zone euro, le pays voudrait tout de même avoir un droit de regard sur ce que fait la zone euro afin de ne pas être impacté négativement sur ses décisions.
La mise en place d'un référendum durant l'été 2017 portant sur le maintien ou non du Royaume-Uni dans l’Union européenne a été accueilli froidement par Berlin et Paris qui tentent de trouver une issue politique pour éviter le scénario tant redouté du «Brexit». Si aucun accord n'intervient d'ici là et que le oui l'emporte lors du référendum, tout porte à croire que le pays quittera l'Union européenne. Un véritable séisme politique qui fragiliserait grandement les autres Etats membres.