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Selon un ancien espion américain, les services de surveillance US «traitent Netanyahou comme ennemi»

Après une série de révélations embarrassantes concernant l’espionnage de chefs d’Etats alliés par les Etats-Unis, le président Barack Obama aurait demandé aux services de renseignement de cesser ces pratiques, sauf pour Israël

C’est un ancien officier de renseignement de haut rang – dont le nom de code était «Robert» et qui était en charge de la plupart des informations en provenance d’Israël pour les Etats-Unis ces trente dernières années – qui a fait cette révélation lors d’un entretien avec le Yediot Aharonot. Il a affirmé que l’ordre de Barack Obama d’arrêter d’espionner les chefs d’États amis, était accompagné d’un deuxième ordre intimant de poursuivre la surveillance du premier Ministre israélien Benjamin Netanyahou. «Nous avons tous compris ce que cela voulait dire» a-t-il déclaré.

Après un récent article du Wall Street Journal, qui a publié un papier d’investigation concernant l’espionnage de l’État juif par les américains, «Robert» a pensé qu’il était enfin prêt à révéler à la presse israélienne les dessous des pratiques des États-Unis concernant Israël.

«Au fil des années nous nous sommes interrogés sur ce que nous percevions comme une sorte de naïveté israélienne, ou une forme de complaisance, lorsqu’ils discutaient de secrets d’État sur les systèmes de communication cryptés» a déclaré Robert. «Après tout, le ISNU (Unité Nationale Israélienne d’interception des ondes radios, le surnom donné à l’unité 8200 de renseignement de l’armée israélienne par les services d’espionnages américains) a réussi à casser tellement de mesures de protection considérées comme fiables par vos ennemis, que vous devriez savoir que tout peut être décrypté. Vous êtes bien plus vulnérables et transparents que vous ne le pensez».

Robert a déclaré au Yediot Aharonot ques les États-Unis espionnaient Israël depuis la première guerre du Liban en 1982, lorsque le ministre de la Défense Ariel Sharon avaient eu des altercations avec l’administration de Ronald Reagan. Depuis cette époque, les capacités américaines pour surveiller Israël se sont développées et diversifiées durant l’opération Tempête du désert (première invasion de l’Irak en 1991), ainsi qu’au fur et à mesure des avancées technologiques. Après le 11 septembre 2001, lorsqu’Ariel Sharon a mis à disposition des technologies israéliennes de surveillance, les États-Unis auraient profité de cette opportunité pour se familiariser avec les systèmes israéliens, ainsi que pour s’insérer dans les réseaux de communication israéliens, même au plus haut niveau.

La plupart des technologies d’espionnages les plus avancées, selon Robert, auraient été utilisées contre Israël. Et bien que l’État juif était capable de lutter contre certaines d’entre elles, les États-Unis arrivaient à connaître certains détails des opérations les plus secrètes qu’Israël avait mené dans le passé. Ils avaient connaissance, par exemple, de la destruction par l’État juif du réacteur nucléaire syrien en construction de Deir ez-Zor en 2007, ou encore de l’assassinat de général syrien Muhammad Suleiman à Tartous en août 2008.

Robert a aussi affirmé vouloir alerter sur les conséquences désastreuses des relations tendues entre les deux chefs d’État. «Aux États-Unis, la mentalité du commandant en chef influence les soldats, jusqu’au moins gradé d’entre eux. Barack Obama méprise Benjamin Netanyahou et cela affecte tout le système».

Lors de ces dernières années, Benjamin Netanyahou a dit plusieurs fois à ses assistants que les États-Unis déployaient de grands efforts pour l’espionner. Robert a affirmé que les suspicions du premier Ministre israélien étaient justifiées : «les Américains déploient de grands moyens pour l’espionner, bien plus qu’ils ne l’ont jamais fait pour un dirigeant israélien».

«C’est une situation extrême, difficile, sans précédent dans les relations entre les deux pays. Ce déploiement d’efforts pour espionner Israël, même après les révélations d’Edward Snowden et la conscience que ce genre d’activité est très risquée politiquement, illustre comment la Maison Blanche voit le gouvernement israélien. Ce n’est pas ainsi que vous traitez des amis. C’est ainsi que vous espionnez des ennemis» a déclaré Robert.