Cet ex-analyste de la marine américaine est sorti dans la nuit de jeudi à vendredi de sa prison fédérale de Butner, une petite ville de l'Etat de Caroline du Nord (Sud-Est), ont confirmé à l'AFP ses deux avocats Jacques Semmelman et Eliot Lauer.
Le bureau des prisons (U.S probation office) a indiqué que Jonathan Pollard était désormais en liberté conditionnelle et restait soumis à cinq ans d'interdiction de quitter le territoire américain.
Des conditions que les avocats de l'intéressé jugent «illégales». Une procédure a été lancée devant un tribunal de New York (requête d'ordonnance d'habeas corpus) visant à obtenir leur suppression.
Des milliers d'informations top-secrètes vendues à Israël
Diplômé de la prestigieuse université de Stanford, Jonathan Pollard avait été reconnu coupable en 1987 d'avoir fourni à Israël, de juin 1984 à son arrestation en novembre 1985, des milliers de documents secrets sur les activités d'espionnage des Etats-Unis, principalement dans les pays arabes.
Il aurait ainsi aidé Israël à bombarder en 1985 le QG de l'Organisation de Libération de la Palestine (OLP), alors exilée en Tunisie, et à assassiner le numéro deux de l'OLP, Abou Jihad, à Tunis en 1988.
Mais pour les Etats-Unis, l'espion a causé un tort considérable aux intérêts américains, alors en pleine Guerre froide. De plus, il le faisait pour de l'argent.
Selon certaines sources, Pollard aurait livré à d'autres pays qu'Israël des informations cruciales, qui ont pu finir entre les mains de l'URSS.
Une véritable icône pour la droite israélienne
L'annonce de la libération est venue de son principal groupe de soutien en Israël d'où ont aussi fusé les premières réactions de joie, mais avec une retenue destinée à ménager le grand allié américain car son cas reste particulièrement sensible.
«Le peuple d'Israël salue la libération de Jonathan Pollard», a réagi le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou. «Après trois longues et difficiles décennies, Jonathan est enfin réuni avec sa famille (...) j'attendais ce jour avec impatience», a-t-il ajouté.
Néanmoins, le Premier ministre israélien a appelé à une certaine retenue, la presse locale affirmant qu'il aurait notamment exigé de ses ministres de s'abstenir de tout triomphalisme trop sonore.
En effet, l'homme aujourd'hui âgé de 61 ans est resté pendant plusieurs décennies une pomme de discorde majeure entre Israël et l'Amérique, dont les présidents successifs, de Ronald Reagan à Barack Obama, avaient toujours refusé sa libération anticipée.
Durant des années, le sort du détenu, devenu une icône de la droite israélienne, a fait l'objet de marchandages liés aux libérations de prisonniers palestiniens ou les négociations de paix israélo-palestiniennes.