C’est une étude dont les résultats étaient attendus mais ils n’ont, en réalité, rien de réellement surprenant. La Parlement italien l'avait commandée pour obtenir la preuve que les taux de décès et de cancers sont plus élevés à Naples que dans le reste de l’Italie en raison des fraudes perpétrées par la Camorra, dans la gestion illégale et criminelle des déchets toxiques de la région.
Selon le rapport de l’institut national de la santé, le nombre de bébés hospitalisés durant leur première année dans les provinces de Naples et de Caserte est anormalement élevés. La faute, selon le rapport présenté aux députés italiens, à une «exposition soupçonnée ou confirmée à une combinaison de contaminants environnementaux qui peuvent être émis ou relâchés sur des emplacements illégaux d’enfouissement de déchets dangereux et/ou la combustion non contrôlée de déchets urbains et dangereux».
Cela faisait de longues années que les Napolitains attendaient ce rapport qui dénonce les effets négatifs sur leur santé de cette gestion frauduleuse de l'élimination des déchets qui a abouti à la contamination des puits souterrains irriguant les terres agricoles qui produisent des légumes d'une grande partie du centre et du sud de l’Italie. Ces dernières années, la police a d’ailleurs imposé l'interdiction de nombreuses cultures dans le sud du pays, car l’eau servant à l’irrigation contenait des taux d’arsenic, de plomb et de tétrachlorure beaucoup trop élevés.
Pour les autorités italiennes, il ne faut pas aller chercher bien loin les responsables de cette pollution. La Camorra, la mafia napolitaine, a en effet mis la main depuis de longues années sur l'élimination illégale des déchets toxiques, activité des plus lucratives.
Les mafieux aident de nombreuses industries du nord du pays à se débarrasser de leurs déchets, certes, à un prix défiant toute concurrence mais sans aucune précaution environnementale et dans l'illégalité la plus complète. Les déchets sont ensuite enfouis dans la région de Naples, ou parfois même stockés dans d’immenses carrières à ciel ouvert.
Le 1er janvier, un prêtre napolitain qui lutte contre la mafia a écrit dans un journal que les habitants ne sont pas surpris par ce rapport. «Pouvons-nous crier victoire ? Absolument pas», dénonce-t-il toutefois. «Dans cette honteuse, triste et douloureuse histoire, nous avons tout perdu. Le gouvernement par-dessus tout».