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La Mafia serait responsable de la baisse de 20% du PIB au sud de l’Italie

Une recherche a fait un rapprochement entre la criminalité organisée et la pauvreté régionale en Italie, en affirmant que la mafia est responsable d’une baisse de 20% de la production économique au sud de l’Italie.

Les régions italiennes méridionales de la Basilicate et des Pouilles ont fait  l’objet de recherches conduites par Paolo Pinotti, professeur d’économie au Département de l’analyse des politiques et du management public de l’université Bocconi, à Milan.

La recherche de Pinotti concerne les organisations Mafia, Camorra et ‘Ndrangheta, qui sont devenues particulièrement influentes dans le sud-est de l’Italie suite aux guerres des mafias, au milieu des années 1970.

La recherche, publiée dans The Economic Journal, en août 2015, étudie l’activité des différentes «familles» de la mafia et arrive à la conclusion qu’elles ont eu un impact dévastateur sur l’économie, sur une période de 30 ans, à partir du milieu des années 1970 à celui des années 2000.

Dans les deux régions étudiées, ces trois décennies n’ont pas seulement été marquées par une multiplication par quatre du nombre des homicides, mais aussi par une chute des taux de croissance économique, qui étaient, au début parmi les plus élevés et figurent aujourd’hui parmi les plus bas.

Avant les années 1970, le nombre d’homicides en Basilicate et dans les Pouilles était comparable à celui dans le nord et au centre de l’Italie, et estimé à un homicide pour 100 000 citoyens. Il est en suite passé à quatre homicides sur la même échelle de comparaison.

Le développement économique de la Basilicate et des Pouilles a été stable puis a augmenté rapidement, mais l’action de la criminalité organisée a épuisé significativement l’économie locale. 

La criminalité organisée exerce une influence durable sur le PIB per capita.  «L’effet estimé reste, dans la plupart des cas, d’environ 16%, et peut atteindre jusqu’à 20% s’il s’agit d’une période plus longue», a déclaré Pinotti dans son rapport. Le procureur général italien anti-mafia, Giovanni Falcone, qui a conduit le maxi-procès contre la Mafia sicilienne en 1986-87, avait noté que jusqu’à 20% des revenus de la mafia «viennent de l’investissement public».

Falcone a été assassiné par la mafia sicilienne en 1992.

Selon les estimations de Pinotti, la criminalité organisée dans les deux régions qu’il a étudiées, n’est pas aussi importante qu’en Sicilie, en Campanie et en Calabre, deux régions de la Mafia, de la Camorra et de ‘Ndrangheta. Donc, d’après le professeur, le préjudice économique dans ces trois régions pourrait même être plus élevé.

En résumé, ces trois régions, plus la Basilicate et les Pouilles, occupent les premières places en Italie pour ce qui est de la présence des syndicats criminels, et elles sont aussi les plus pauvres, a affirmé Paolo Pinotti.