La coalition militaire conduite par Riyad a annoncé, le 30 décembre, avoir mené des frappes aériennes contre des cargaisons d’armes et de véhicules de combat au Yémen, affirmant qu’elles provenaient des Émirats arabes unis et étaient destinées au Conseil de transition du Sud (STC), mouvement séparatiste soutenu par Abou Dhabi. Selon l’Arabie saoudite, ces livraisons constituent une menace directe pour sa sécurité nationale et pour la stabilité du Yémen.
Dans un communiqué diffusé par l’agence officielle SPA, la coalition indique que deux navires arrivés du port émirati de Fujairah avaient désactivé leurs systèmes de suivi avant de décharger une importante quantité d’armes et de véhicules de combat dans le port d’al-Mukalla, dans la province de Hadramout. Les frappes ont visé ces équipements après leur débarquement.
« En raison des risques et de l’escalade que représentent ces armes, qui menacent la sécurité et la stabilité, les forces aériennes de la coalition ont mené une opération militaire limitée », précise le communiqué, assurant qu’aucune victime ni dégât collatéral n’a été enregistré.
Des images aériennes diffusées par l’agence saoudienne montrent des mouvements sur les navires, puis des dizaines de véhicules rassemblés sur un terrain vague à l’intérieur du port. Un responsable local a indiqué avoir reçu un appel ordonnant l’évacuation du site une quinzaine de minutes avant la frappe, les autorités ayant ensuite fermé les routes menant au port par crainte d’explosions.
Riyad dénonce des agissements « extrêmement dangereux »
Au-delà de l’opération militaire, Riyad a durci le ton sur le plan diplomatique. Dans deux communiqués successifs, la diplomatie saoudienne a dénoncé les actions du Conseil de transition du Sud dans les provinces de Hadramout et d’Al-Mahra, qualifiées d’« unilatérales » et menées sans l’accord du Conseil présidentiel yéménite ni coordination avec la coalition.
L’Arabie saoudite affirme avoir multiplié les efforts pour contenir la crise, y compris en travaillant avec les Émirats arabes unis et les autorités yéménites à une solution pacifique. Un comité militaire conjoint saoudo-émirati avait même été dépêché à Aden pour tenter d’obtenir le retrait des forces séparatistes vers leurs positions initiales. Selon Riyad, ces démarches n’ont pas permis d’éviter l’escalade.
Dans un ton plus sévère, le second communiqué exprime le « regret » du royaume face aux pressions exercées par Abou Dhabi sur le STC afin de pousser ses forces à mener des opérations militaires à proximité de la frontière sud saoudienne — des actions jugées « extrêmement dangereuses » et contraires aux fondements mêmes de la coalition arabe formée pour soutenir la légitimité au Yémen.
Riyad avertit que toute menace contre sa sécurité nationale constitue une « ligne rouge » et qu’il n’hésitera pas à prendre « toutes les mesures nécessaires » pour y faire face.
Le gouvernement yéménite appelle à l’aide
Face à l’avancée rapide des séparatistes du Sud, soutenus par les Émirats, le gouvernement yéménite reconnu par la communauté internationale a appelé la coalition à intervenir pour le soutenir. Le chef du Conseil présidentiel, Rashad al-Alimi, a décrété l’état d’urgence et annoncé l’annulation du pacte de défense liant le Yémen aux Émirats arabes unis.
Le STC s’est emparé ces dernières semaines de vastes territoires, notamment dans Hadramout, sans rencontrer de grande résistance. Le mouvement réclame la restauration d’un État indépendant dans le sud du pays, où existait une République démocratique populaire entre 1967 et 1990.