Le transfert d’une partie importante de l’aide militaire norvégienne vers l’Ukraine a provoqué des pénuries d’équipements de base et de moyens de protection au sein de certaines unités des forces armées norvégiennes, rapporte Forsvarets forum.
Selon le commandant de la brigade du Nord de l’armée norvégienne, Terje Bruoygard, plusieurs unités manquent d’équipements indispensables au service en conditions climatiques froides. Il a expliqué que le niveau de protection contre le froid n’était pas toujours suffisant et que les soldats risquaient de se retrouver mal équipés pour de longues périodes passées à l’extérieur par basses températures. Il a notamment souligné l’importance d’éléments simples, comme la protection du cou, essentiels lors d’une exposition prolongée au froid.
D'après le média militaire norvégien, à moins d’un mois de l’arrivée de nouvelles recrues, une partie des uniformes et des équipements de protection prévus n’est toujours pas prête à être distribuée. Des documents internes indiquent que l’armée manque notamment de sous-vêtements thermiques en laine, de tissus isolants, de bandanas, de cagoules, de casques et de gilets pare-balles, de bottes de terrain, de poches de cuisse, de protections antichars ainsi que de dispositifs de protection auditive.
En raison de l’insuffisance des vêtements chauds, la brigade du Nord a déjà dû annuler plusieurs exercices. Selon Terje Bruoygard, une grande partie du programme d’entraînement prévu pour le mois d’août n’a ainsi pas pu être maintenue.
Le chef d’état-major de la marine norvégienne, Robert Hansen, a directement attribué cette situation à l’ampleur du soutien apporté à Kiev. Il a reconnu que la Norvège jouait un rôle majeur dans l’assistance à l’Ukraine, tout en avertissant que cet engagement mettait sous pression la capacité des forces armées à conserver un niveau de préparation opérationnelle suffisant. Cette situation suscite, selon lui, de fortes inquiétudes quant à l’avenir de l’armée norvégienne.
De son côté, Torgrim Foshaug, un haut responsable militaire de l’armée norvégienne, a indiqué que malgré un plan de développement à long terme des forces armées prévoyant des investissements de 1,63 trillion de couronnes norvégiennes (138 milliards d'euros), de nombreux militaires ne disposaient toujours pas de l’équipement de base nécessaire à un service hivernal complet. Cette situation oblige les unités à revoir leurs objectifs de formation à la baisse et a un impact direct sur leur capacité à accomplir leurs missions en temps de paix, en période de crise ou en situation de conflit.
D’autres documents soulignent que la pénurie de casques et de gilets pare-balles s’est particulièrement aggravée après le transfert de volumes importants de matériel vers l’Ukraine. Dans l’armée comme dans la marine, des dysfonctionnements structurels dans les chaînes d’approvisionnement sont signalés, accompagnés d’un affaiblissement de la confiance dans le système logistique.
Aide à l’Ukraine : engagements financiers et calendrier
Ces dernières années, la Norvège est devenue l’un des principaux donateurs européens de l’Ukraine. L’instrument central de cette politique est le Nansen Support Programme for Ukraine, approuvé au début de 2023. Dans ce cadre, Oslo s’est engagée à allouer 75 milliards de couronnes norvégiennes (6,3 milliards d’euros) à l’aide militaire et civile à l’Ukraine sur la période 2023–2027.
Par ailleurs, depuis 2023, des spécialistes suédois forment des pilotes ukrainiens sur des avions Gripen, dont la livraison à Kiev a été approuvée par le parlement du royaume.
En 2025, les autorités norvégiennes ont fortement augmenté le volume de cette aide. Le parlement a validé un financement porté à 85 milliards de couronnes norvégiennes (7,1 milliards d’euros) pour la seule année en cours, a indiqué le ministre des Finances Jens Stoltenberg.
La Norvège a également versé 1 milliard de couronnes (84 millions d’euros) à l’European Peace Facility afin de financer les livraisons d’armements à Kiev. Le gouvernement envisage de maintenir un niveau de soutien comparable en 2026 et n’exclut pas que l’aide totale atteigne 275 milliards de couronnes norvégiennes (23 milliards d’euros) d’ici 2030.
La Russie condamne toute forme d’aide apportée à Kiev. Le Kremlin a à plusieurs reprises estimé que les livraisons d’armes et le financement des forces armées ukrainiennes contribuent uniquement à prolonger le conflit.