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Israël met la pression au Brésil pour que le pays accepte un colon comme ambassadeur

La réticence de Brasília à accepter un ambassadeur israélien, colon de Cisjordanie, mène à des frictions diplomatiques avec l’Etat juif, qui prévient que cela pourrait nuire aux relations entre les deux pays.

La nomination il y a quatre mois de Dani Dayan, l’ancien leader d’un mouvement de colonisation juif, ne s’accorde pas avec la ligne politique du gouvernement de gauche brésilien, qui soutient la création d’un État palestinien depuis plusieurs années.

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La précédente ambassadrice israélienne, Reda Mansour, a quitté Brasília la semaine dernière, et le gouvernement israélien a fait savoir ce dimanche que le Brésil s’exposait à une dégradation des relations bilatérales si Dani Dayan se voyait refuser la succession au poste.

«L’État d’Israël abaissera le niveau des relations diplomatiques avec le Brésil au second rang si la nomination de Dani Dayan n’est pas approuvée», a déclaré la ministre des Affaires étrangères Tzipi Hotovely à Channel 10, affirmant que Dani Dayan serait le seul à être proposé à ce poste. Selon la ministre, Israël fera du lobbying au travers de la communauté juive du Brésil.

Le gouvernement brésilien a refusé de commenter la nomination, mais un membre important du ministère des Affaires étrangères a déclaré, sous couvert d’anonymat, «ne pas voir cela arriver». Le fonctionnaire a affirmé qu’Israël allait devoir choisir un autre représentant car le choix de Dani Dayan envenimait les relations avec le Brésil, qui se sont dégradées depuis 2010 lorsque le pays a décidé de reconnaître un Etat palestinien en Cisjordanie, Jérusalem-Est, et à Gaza.

Si Israël a évacué Gaza en 2005, l’enclave est aujourd’hui soumise à un blocus. L’État juif considère que Jérusalem-Est constitue sa capitale indivisible, et n’envisagerait de rendre la souveraineté aux Palestiniens sur certaines parties de la Cisjordanie que sous condition de la conclusion d’un accord de paix.

Les tensions entre les deux pays se sont accrues l’année dernière, lorsque le porte-parole israélien du ministère des Affaires étrangères a qualifié le Brésil de «nain diplomatique», après que Brasília ait rappelé son ambassadeur pour contester l’offensive militaire israélienne à Gaza.

Le gouvernement israélien a aussi été froissé de l’annonce de la nomination de Dani Dayan sur Twitter le 5 août dernier par le Premier ministre Benyamin Netanyahou, avant que Brasília ait été informé, et encore moins accepté ainsi qu’il en est pourtant l’usage. Ce weekend, Dani Dayan est passé à l’offensive pour défendre sa nomination, affirmant aux médias israéliens que le gouvernement de Benyamin Netanyahou ne faisait pas suffisamment d’effort pour la faire accepter au Brésil. Dani Dayan a déclaré que e laisser faire pourrait créer un précédent empêchant les colons de représenter Israël à l’étranger.

Celso Amorim, un ancien ministre des Affaires et étrangères et de la Défense, a déclaré vendredi que le conflit diplomatique au sujet de la nomination de Dani Dayan démontrait qu’il était «temps que les forces armées brésiliennes réduisent leur dépendance vis-à-vis d’Israël». L’État juif joue un rôle considérable dans des secteurs stratégiques brésiliens en tant que fournisseur de technologies aéronautiques, ou de matériel militaire.

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