Deux édiles locaux à l'origine du texte, bien conscient que la mesure pouvait être rejetée, sont plutôt discrets au moment de l'évoquer. «Nous avons dû supprimer la mention de "revenu de base" de tous les documents afin que le document soit signé par le conseil», a confié Lisa Westerveld, membre écologiste du conseil municipal de Nijmegen, situé à la frontière avec l’Allemagne.
«Nous n’appelons pas ça un "revenu de base" à Utrecht parce que les gens se sont fait une idée à ce sujet, comme quoi c’est de l’argent gratuit et les gens vont rester chez eux à regarder la télé», a expliqué Heleen de Boer, conseillère municipale écolo de la ville, situé à une demi-heure au sud d’Amsterdam.
Néanmoins, les municipalités font, selon Heleen de Boer, un «petit pas» vers le revenu de base pour tous en autorisant le versement d'une somme de 900 euros par mois à des petits groupes d’allocataires qui pourront garder leurs revenus de travail en plus de ce revenu minimum.
Le paiement mensuel ne sera pas soumis à condition. Les allocataires auront cette sécurité financière et le choix de décider s’ils veulent ou pas augmenter leur revenu en exerçant un travail. Les revenus seront analysés par l’éminent économiste Loek Groot, professeur à l’Université d’Utrecht.
La date de début de ce processus doit être encore déterminée mais seuls les bénéficiaires de prestations d'assurance chômage concernés par le projet pilote recevront de l’argent.
Les «pour» le revenu de base
La motivation derrière l’expérimentation d'Utrecht, selon Nienke Horst, conseiller principal de la municipalité et membre des Libéraux-démocrates, vise à éviter le «piège de la pauvreté» pour les allocataires, qui s'ils commencent à gagner de l'argent, voient leurs allocations coupées et ils se retrouvent au final dans la même précarité.
Le projet entend cibler également les personnes contraintes d’accepter des emplois imposés par le système mais qui abandonnent en cours de chemin. Une fois le revenu de base mis en place, ces gens pourront trouver le temps de chercher un emploi à long terme qui leur conviendra.
Mais la logique, selon les partisans situés à la gauche de Horst, mène à une seule voie, que cette somme d'argent devienne un droit universel. Ce serait injuste et impensable que des personnes bénéficiant de prestations gagnent et reçoivent plus que leurs concitoyens. «Certaines municipalités sont très motivées par ce revenu de base», a-t-il noté.
De fait, les membres de gauche du conseil d'Utrecht estiment que cela représente une opportunité pour prouver aux sceptiques que les gens ne passent pas leur temps à se dérober et à regarder la télévision si on leur met le pied à l’étrier. «Je crois qu’il faut que nous ayons confiance en ces gens», a souligné Heleen de Boer.
Caroline Lucas, unique député écologiste à la Chambre des communes approuve la mesure. Le revenu de base, que les écologistes qualifient de «salaire citoyen» a été depuis longtemps au menu de la politique du parti.
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