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Afghanistan : une trentaine d'afghans libérés de l'Etat islamique par les talibans

Ils sont 30 afghans à avoir été capturé par un groupe de combattants en provenance d'Ouzbékistan avec armes et famille se revendiquant de l'Etat islamique. Près de neuf mois après, ils ont été libérés par des talibans.

Tous membres de la minorité Hazara, ils ont été capturés en février dernier alors qu'ils se rendaient en bus dans la ville d'Herat, à l'ouest de l'Afghanistan. Au début, les prisonniers ont cru à une attaque des talibans avant que les assaillants ne déclarent être Ouzbeks, membres de l'organisation de l'Etat islamique (EI), rapporte nos confrères de la BBC. Ils ont indiqué vouloir les échanger avec certaines de leurs femmes et leurs enfants retenus par le gouvernement.

«Ils parlaient Ouzbek entre eux et Dari avec nous. Ils nous ont dit qu'ils étaient autour de 400, qu'ils avaient des grandes familles et qu'ils portaient tous des armes», a déclaré Nabi, un des ex-otages. Les combattants filmaient les captifs. Après plusieurs jours de détention, ils les ont séparé en deux groupes.

La décapitation filmée d'un des leurs

Retenus les mains liés derrière le dos, les yeux bandés, Nabi a indiqué avoir été retenu au même endroit que les assaillants et leurs familles, ce qu'il a pu déduire à l'écoute des bruits de femmes et d'enfants ainsi qu'à l'appel à la prière qu'ils entendaient alors.

Quelques temps après sa capture, des troupes gouvernementales auraient tenté de les sauver. Nabi a ajouté avoir entendu des bruits d'hélicoptères et des tirs d'armes à feu. Les autorités ont déclaré avoir perdu la trace des otages que les ravisseurs changés constamment de cachette, une version que conteste l'ex-otage qui indique avoir été déplacé quatre fois en neuf mois.

Les prisonniers ont été constamment violentés et torturés au cours de leurs détention. «Chacun d'eux avait sa propre façon de torturer,» selon Nabi. Les captifs ont été obligés d'assister un jour à la décapitation filmée d'un des leurs. Les combattants de l'EI étaient vêtus de masques noires et brandissaient alors un drapeau noir.

«Près de quatre ou cinq cents talibans sont venus nous féliciter»

«Nous avons perdu l'espoir en tout excepté en Dieu. La torture et la cruauté semblaient une meilleur option que rester en vie», a ajouté Nabi. C'est finalement lors d'une offensive taliban que ces prisonniers ont été libérés. Après avoir entendus des échanges de tirs nourris, ils ont un jour été changé d'endroits puis abandonnés dans une pièce pendant trois jours avant d'être libérés.

«Près de quatre ou cinq cents talibans sont venus nous féliciter. Le commandant leur a dit de ne pas nous prendre dans les bras car nous étions trop faible pour rester debout sur nos pieds», décrit Nabi. Plusieurs Ouzbeks ont été tués, d'autres capturés mais il ne sait pas ce qu'est devenu le reste de la troupe.

De retour à Kaboul, la capitale du pays chez ses parents où vivent trois de ses frères et deux de ses sœurs, il essaye de retrouver une vie normal. Traumatisé et souffrant des reins, vestiges des violences qu'ils a enduré, Nabi n'a reçu aucune aide du gouvernement. Il est sous traitement médical et ne peut pas travailler.