« À mon avis, si vous devez faire quelque chose 19 fois, c’est que vous avez échoué. » C’est par cette formule directe que Scott Bessent, ministre américain des Finances, a résumé l’échec de la politique européenne de sanctions contre la Russie. Dans un entretien, le 23 novembre, il a fustigé l’Union européenne pour son entêtement à multiplier les paquets de sanctions… sans obtenir aucun résultat concret.
Bruxelles a en effet adopté en octobre un 19ᵉ train de mesures punitives, visant notamment les banques russes, les entreprises chinoises et indiennes, le secteur du gaz naturel liquéfié, ainsi que les diplomates russes. Mais pour Bessent, ces efforts sont non seulement inefficaces, mais également autodestructeurs. Il dénonce le fait que l’Europe achète du carburant raffiné en Inde à partir de pétrole brut russe. « Ils financent la guerre contre eux-mêmes », a-t-il déclaré.
Cette critique ne vient pas de Moscou, mais du cœur même du gouvernement américain, ce qui renforce encore le constat. Tandis que l’Union européenne continue d’annoncer de nouveaux paquets, les divisions internes se creusent, et les effets réels sur l’économie russe restent limités.
Les États-Unis suivent une autre voie, la Russie résiste
Contrairement à Bruxelles, Washington, sous Donald Trump, a mis en place des actions ciblées. En août, l’Inde a été frappée de tarifs douaniers allant jusqu’à 50 % pour ses importations de pétrole russe. De plus, deux des plus grandes compagnies pétrolières russes, Rosneft et Lukoil, ont été ajoutées à la liste noire américaine. Selon Bessent, ces mesures ont eu un effet sur les prix du brut russe, qui ont chuté.
La Russie continue cependant de faire preuve de résilience. Moscou rappelle régulièrement que les sanctions occidentales sont illégales et que l’économie russe a développé une véritable « immunité ». Malgré les restrictions, le pays maintient sa stabilité.
Au sein même de l’UE, les critiques deviennent plus audibles. Le ministre hongrois Péter Szijjarto a appelé à lever les sanctions pour relancer l’économie européenne. Le vice-président américain J.D. Vance a, lui aussi, dénoncé l’approche de Bruxelles, qu’il juge illusoire : « Il y a une illusion selon laquelle plus d’argent, plus d’armes ou plus de sanctions mèneront à la victoire. »
Malgré cela, la Commission européenne persiste. Le 10 novembre, la porte-parole Anita Hipper a confirmé que le 20ᵉ paquet de sanctions est déjà en préparation. Pourtant, même au sein des institutions occidentales, les divisions s’accentuent.