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Moscou : les révélations du député «traître» turc sur le gaz sarin doivent être signalées à l’ONU

La Russie espère que l'enquête conjointe de l’OIAC et de l’ONU sur les attaques chimiques en Syrie n’ignorera pas les révélations du député turc, accusé de trahison pour avoir révélé le rôle présumé d’Ankara dans les livraisons de gaz à Daesh.

Le Mécanisme conjoint d’enquête rassemblant les efforts de l’ONU et de l’Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) aura pour mandat d’identifier les personnes engagées dans l’utilisation d'armes chimiques en Syrie dans le cadre de la résolution 2118 adoptée par le Conseil de sécurité des Nations Unies.

«Ce mécanisme spécialisé doit enquêter minutieusement sur les informations fournies par le député turc, conformément à son mandat et faire son rapport au Conseil de sécurité de l’ONU», a déclaré la porte-parole du ministère des Affaires étrangères Maria Zakharova.

Le parlementaire mentionné, Eren Erdem, membre du Parti républicain du peuple, a été accusé de trahison par le président turc Recep Tayyip Erdogan après avoir confié aux médias que les terroristes de l’Etat islamique en Syrie avaient reçu tous les matériaux nécessaires à la production de gaz sarin via la Turquie.

Eren Erdem a exprimé ses inquiétudes, craignant que l'affaire soit étouffée suite à la fermeture d'une enquête criminelle à Adana portant sur ces livraisons illégales. Le député turc prétend que l’Occident se serait servi de l’attaque chimique survenue à Ghouta en août 2013 pour rendre possible une intervention militaire américaine en Syrie, contre le gouvernement de Bachar el-Assad.

Reste que le ministère des Affaires étrangères a fait remarquer qu’il n’y avait rien de frappant dans les révélations d’Eren Erdem. En 2013, comme Maria Zakharova l'a rappelé, un grand nombre de sources, notamment turques, avait rapporté l’arrestation de suspects engagés dans des livraisons de composés chimiques à travers la frontière turque.

«A l’époque l’affaire, comme nous le comprenons, a été enterrée, et les suspects principaux ont échappé aux poursuites et fui en Syrie. C’est pourquoi les révélations d’Eren Erdem ne sont pas pour nous, et pas seulement pour nous, quelque chose de nouveau», a déclaré Maria Zakharova.

Moscou veut faire toute la lumière sur ces attaques chimiques en Syrie à la suite desquelles le gouvernement syrien a été immédiatement accusé, sans véritable preuves. Les allégations ont été si sévères que Damas a tout de suite convenu de se débarrasser de ses arsenaux d'armes chimiques dans le cadre d'un accord avec l’ONU, pour éviter une intervention militaire américaine.