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Coup d’état en douce en Algérie ? La santé défaillante de Bouteflika ouvre des brèches politiciennes

Une lutte de pouvoir a lieu dans les hautes sphères du pouvoir algérien alors que le président peine à se remettre de deux AVC, et certains craignent que des membres du gouvernement n’en profitent pour agir en son nom, pour leurs propres intérêts.

En Algérie, les suspicions vont bon train concernant le fait qu’une clique de membres du gouvernement aurait mené un coup politique interne, et dirigerait désormais officieusement le pays. En tête du groupe, Saïd Bouteflika, le frère et conseiller spécial de l’actuel président aurait «une influence considérable» sur les décisions prises à la tête du gouvernement, comme l’écrivait déjà le site d’information Jeune Afrique en 2013. L’ancien Premier ministre Ali Benflis évoque lui une «vacance de pouvoir» de la part du président Abdelaziz Bouteflika.

«Nous avons le sentiment que le président a été pris en otage par son entourage direct» explique ainsi Lakhdar Bouregaa, ancien commandant de l’Armée de Libération Nationale dans un entretien au tabloïd algérien El Watan.

En réaction à son constat, le vétéran a lancé, sans succès, une demande publique afin de voir Abdelaziz Bouteflika et de s’assurer que c'est toujours lui qui prend les décisions. L’initiative provient en fait du Groupe 19, qui rassemble 19 personnalités politiques algériennes, dont certains des plus proches associés du chef de l’Etat.

Le président vit tellement reclus, en raison de sa santé défaillante, qu’aucun d’entre eux n’a pu l’approcher depuis plus d’un an. La dirigeante du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, a même déclaré qu’elle avait des doutes sur le fait que le leader ait pu simplement lire la lettre de requête envoyée par les 19. La femme politique a également accusé directement «une clique d’oligarques et de ministre de manipuler le président pour faire passer des décisions qui bénéficient à leurs intérêts commerciaux», comme le rapporte le journal américain The New York Times.

Les personnalités mettent en cause des décisions qu’ils estiment ne pas ressembler à la personnalité du président, alors qu’une série de mesures surprenantes ont été prises ces derniers temps.

Au cours d’une purge des services secrets nationaux, le général Mohamed Mediène, qui dirigeait les renseignements depuis 25 ans, a été exclu de son poste en septembre. De hauts généraux de l’armée ont également été emprisonnés et des lois durcissant la répression des journalistes et de ceux qui perturbent «la morale de la nation» ont fleuri récemment.

En savoir plus : Algérie, le mystérieux général Mediène limogé, la fin d'un système ?

Agé de 78 ans, Abdelaziz Bouteflika, qui a été victime d’un AVC en 2013, ne s’exprime depuis lors que très rarement et via des lettres adressées au gouvernement. En 2014, il a remporté l’élection présidentielle algérienne avec 81% des voix.