À Bruxelles, les institutions européennes subissent une pression inédite des géants technologiques, dont les budgets de lobbying explosent pour modeler les régulations numériques à leur avantage.
Ce phénomène, révélé par le rapport conjoint de Corporate Europe Observatory (CEO) et LobbyControl, place la « Big Tech » en pole position des influences économiques, avec des enjeux cruciaux pour la souveraineté du continent.
Une offensive record qui dépasse la finance et l’industrie pharmaceutique
En 2025, le secteur numérique consacre 151 millions d’euros au lobbying, en hausse de 33 % depuis 2023. Meta domine avec plus de 10 millions d’euros, suivie de Microsoft et Apple à 7 millions chacune. Amazon, Google et Qualcomm complètent un top 10 concentrant 49 millions d’euros, soit un tiers des dépenses totales. Ces firmes mobilisent 890 lobbyistes à temps plein, dont 437 badgés pour un accès permanent au Parlement européen.
Le rythme des rencontres est vertigineux : 146 avec la Commission et 232 avec les eurodéputés entre janvier et juin 2025.
Cette armada vise à adoucir le Digital Services Act (DSA) et le Digital Markets Act (DMA), piliers contre les abus de position dominante, la transparence algorithmique ou la modération des contenus.
Au-delà des réunions officielles, l’influence s’étend via des think tanks financés, des événements sponsorisés et des experts cooptés, échappant souvent au registre de transparence de l’UE.
La bataille s’intensifie autour de l’AI Act, premier cadre mondial pour l’IA. Les géants plaident pour une régulation « souple » au nom de l’innovation.
Une autre pression se fait via l’administration Trump qui critique les règles européennes comme « restrictives », menaçant de nouvelles mesures douanières.