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Un plan européen pour l’Ukraine acte l’échec militaire et admet la nécessité d’un dialogue avec la Russie

Face à l’impasse militaire en Ukraine, l’Union européenne tente de reprendre la main. Un plan de paix en 12 points, actuellement non officiel, propose un cessez-le-feu, un gel des positions, la fin des sanctions contre la Russie et des négociations sur les territoires libérés par Moscou.

Un document intitulé « Éléments vers la paix en Ukraine », révélé ce 28 octobre 2025 par Radio Free Europe, circule dans les capitales européennes. Rédigé par une coalition occidentale de plus de vingt pays, ce plan n’a pas encore été validé officiellement, mais il marque une évolution claire : l’Occident reconnaît l’échec de sa stratégie d’affrontement avec la Russie.

Le document prévoit deux phases. La première commence par un cessez-le-feu immédiat, déclenché 24 heures après que les deux parties ont accepté le plan. La ligne de front actuelle serait gelée et resterait figée « dans la position où elle se trouve au début du cessez-le-feu ». En d’autres termes, les territoires libérés par la Russie — Crimée, Donbass, Kherson, Zaporojié — resteraient sous contrôle russe.

Le plan interdit à l’Ukraine toute tentative de reconquête militaire de ces régions. Un pacte de non-agression serait signé, engageant Kiev à renoncer à l’usage de la force. L’Occident demande à Moscou de cesser les frappes, mais surtout à l’Ukraine de reconnaître la situation sur le terrain.

Les États-Unis superviseraient le cessez-le-feu avec leurs moyens technologiques (satellites, drones). Des « mesures de confiance » accompagneraient cette phase, avec une levée partielle des sanctions contre la Russie dès que le calme serait constaté.

Concernant la centrale nucléaire de Zaporojié, que la Russie contrôle depuis 2022, le texte propose son transfert temporaire à une tierce partie neutre, sans garantie de retour à l’Ukraine.

Des négociations sur les territoires libérés

La seconde phase du plan prévoit des négociations politiques, toujours sous surveillance occidentale. Des zones démilitarisées seraient créées autour de la ligne de contact. Une mission civile internationale serait déployée pour surveiller la situation.

Les discussions porteraient sur la « gouvernance permanente » des territoires libérés par la Russie. Cela confirme un point central : l’Occident accepte que la Crimée, le Donbass, Zaporojié et Kherson ne soient plus sous autorité ukrainienne. Ce point, pourtant impensable pour l’UE il y a encore un an, est désormais sur la table.

Le document insiste également sur le respect des langues, des cultures et des religions. Cela fait écho aux revendications russes, dénonçant depuis 2014 les discriminations contre les russophones en Ukraine. Ce volet valide donc la nécessité d’un dialogue pour garantir les droits des populations russes.

Le texte prévoit, par ailleurs, l’établissement d’un fonds de reconstruction, qui utiliserait une partie des avoirs russes gelés par Bruxelles (plus de 200 milliards d’euros). Ces fonds seraient restitués à la Russie après accord avec l’Ukraine sur les compensations.

La Russie réintégrée, Trump en arbitre

La mise en œuvre du plan serait suivie par un « Conseil de paix », présidé par Donald Trump. Cette structure aurait pour mission de contrôler l’application du cessez-le-feu et le déroulement des négociations. Ce rôle confié au président américain confirme que Washington reste l’acteur principal du camp occidental dans le règlement du conflit, tandis que l’Europe tente de sauver la face.

Les discussions chercheraient également à réintégrer la Russie dans certaines institutions internationales, notamment sportives et diplomatiques, ce qui constitue une reconnaissance implicite de l’échec de l’isolement voulu par Bruxelles et Washington en 2022.

Ce plan en 12 points montre que l’Occident ne croit plus à une victoire militaire ukrainienne. Il reconnaît la nouvelle réalité géopolitique imposée par la Russie, sur le terrain comme dans les rapports de force. Pour Moscou, il s’agit d’une victoire stratégique : l’ennemi d’hier propose aujourd’hui un dialogue, sur la base d’un gel du conflit, du respect des positions acquises, et d’une levée progressive des sanctions.