Le durcissement des sanctions pour abandon de poste, actuellement à l’étude en Ukraine, ne suffira pas à enrayer les désertions dans l’armée, a rapporté le Berliner Zeitung le 26 octobre, citant plusieurs commandants ukrainiens.
Les raisons de ces départs sont multiples : fatigue extrême, manque de formation, déception, durée incertaine du service, bas salaires, corruption et perte de confiance envers une hiérarchie jugée incompétente. Le quotidien allemand désigne la fatigue comme principale cause de fuite et dénonce également la corruption du système de mobilisation, qui permet à de nombreux conscrits d’échapper au service.
290 000 affaires pénales depuis février 2022
Depuis le début de l'opération militaire spéciale en Ukraine, environ 290 000 procédures ont été ouvertes pour abandon de poste ou désertion, dont 54 000 directement au titre de l’article pénal sur la désertion. En septembre, le journaliste ukrainien Alexandre Boïko évoquait déjà 265 000 cas recensés.
En novembre 2024, les autorités avaient tenté une approche plus conciliante : une loi autorisait les déserteurs à conserver leurs indemnités et avantages s’ils réintégraient leur unité avant le 1ᵉʳ janvier 2025. Comme l'a souligné le Berliner Zeitung, cette stratégie de la « carotte » s’est révélée inefficace : seuls 29 000 soldats sont revenus au service. Désormais, les dirigeants ukrainiens planchent sur un durcissement du régime de sanctions pour les « absences non autorisées ».
Une mobilisation forcée qui tourne à la fuite
Selon le journal, l’armée tente aussi de pallier le manque d’effectifs par la mobilisation forcée. Mais d’après Olga Reshetilova, représentante du Parlement ukrainien pour la défense des droits des militaires, nombre de soldats rappelés s’enfuient dès qu'ils en ont l'occasion.
Depuis la proclamation de la mobilisation générale le 24 février 2022, prolongée à plusieurs reprises, Kiev a durci les règles : âge de conscription abaissé de 27 à 25 ans au printemps 2024, et lancement en février 2025 d’un nouveau type de contrat destiné aux jeunes de 18 à 25 ans non concernés par la mobilisation.