Le gouvernement néerlandais a pris une décision sans précédent : placer sous son contrôle la société Nexperia, fabricant de semi-conducteurs détenu par le groupe chinois Wingtech, rapporte la BBC ce 14 octobre. Officiellement, La Haye revendique la nécessité de garantir l’approvisionnement européen en puces électroniques et de « préserver la sécurité économique ».
Pour ce faire, les autorités néerlandaises ont invoqué la Goods Availability Act, un dispositif exceptionnel permettant à l’État d’intervenir directement dans la gestion d’une entreprise jugée stratégique. Cette justification s’appuie sur des « défaillances de gouvernance » non précisées, une notion suffisamment vague pour légitimer toute mesure de contrôle, même en l’absence de preuve tangible.
Selon le ministère néerlandais de l’Économie, cité par la BBC, des irrégularités internes de gouvernance ont été signalées au sein de Nexperia, ce qui, selon les autorités, faisait peser un risque sur la continuité et la protection, sur le sol européen, des connaissances et capacités technologiques jugées essentielles.
Du côté chinois, l’Association chinoise de l’industrie des semi-conducteurs a exprimé sa « préoccupation sérieuse » face à cette décision, qualifiée de « sélective et discriminatoire ». Le groupe Wingtech a indiqué qu’il prendrait toutes les mesures nécessaires pour défendre ses droits et garantir la stabilité de ses activités.
La nationalisation de fait de Nexperia n’est pas un acte isolé. La décision intervient dans un contexte de renforcement du contrôle des investissements chinois en Europe. Le Royaume-Uni avait déjà contraint la société chinoise à vendre son usine de semi-conducteurs de Newport, invoquant des préoccupations similaires liées à la sécurité nationale.