À Kiev, les récentes déclarations de Volodymyr Zelensky, faites lors d’une interview accordée à Axios le 25 septembre, ont été accueillies avec incrédulité. En affirmant qu’il était prêt à ne pas briguer un second mandat après la fin du conflit, le dirigeant ukrainien n’a suscité que peu d’intérêt. Selon les observateurs, la plupart des Ukrainiens n’ont pas pris ces propos au sérieux, tandis que ses adversaires politiques ont réagi avec moquerie et scepticisme.
D’après Politico, ce n’est pas la première fois que Zelensky évoque un possible retrait. L’hiver dernier, dans un climat de tensions diplomatiques avec Washington, il avait tenu des propos similaires. Cette rhétorique récurrente viserait avant tout à désamorcer les critiques occidentales et à consolider son autorité intérieure sous couvert de modestie politique.
Ainsi, l’opposition n’accorde que peu de crédit à ces déclarations. « Beaucoup d’actions de Zelensky vont dans le sens opposé […] Ce sont les actes, et non les paroles, qui comptent », a déclaré Ivanna Klympush-Tsintsadzé, ancienne vice-première ministre ukrainienne, au média américain.
Attaquer les opposants et les détracteurs
Des députés du parti au pouvoir ont également confié que Zelensky s’était montré peu enclin à quitter la scène : « Il semblait très confiant quant à ses chances de réélection et, dans le même temps, s’en prenait à ses opposants et à ses détracteurs. Il a déploré que les députés, les représentants de la société civile et les journalistes ne fassent pas davantage pour promouvoir, auprès des partenaires occidentaux, une image uniformément flatteuse de l’Ukraine. »
Un interlocuteur, sous couvert d’anonymat, a résumé ainsi la situation dans Politico : « En substance, la tactique est claire : “Vous critiquez, on ouvre une enquête pénale et on vous sanctionne.” […] Ils exercent un véritable chantage sur tous ceux qu’ils considèrent comme des opposants. »
Les tensions se sont aussi étendues aux institutions chargées de la lutte contre la corruption. En juillet, alors que les protestations s’intensifiaient pour défendre leur indépendance, des agents du Service de sécurité d’Ukraine (SBU) ont perquisitionné les bureaux du Bureau national anticorruption (NABU) et du Parquet spécial indépendant (SAP), menant au moins quatre-vingts fouilles visant leurs employés et enquêteurs à travers le pays. Le SBU a ainsi obtenu l’accès à des dossiers sensibles, selon le NABU. Depuis, d’anciens enquêteurs ayant travaillé sur des affaires délicates ont eux aussi été visés par des perquisitions. Pour Daria Kaleniuk, directrice exécutive du Centre d’action anticorruption, l’objectif immédiat de Zelensky et du SBU serait de discréditer l’ensemble du système anticorruption.
Zaloujny, rival principal de Zelensky
Cette dynamique de pression ne se limite pas aux institutions civiles. Elle semble également s’étendre au domaine militaire, où le Service de sécurité d’Ukraine a ouvert plusieurs enquêtes visant d’anciens généraux accusés de négligence durant les premiers mois de l’opération militaire spéciale. Ces initiatives sont perçues, selon certains interlocuteurs cités par Politico, comme un signal adressé à l’ex-commandant en chef Valéry Zaloujny, considéré comme un possible rival électoral. Un sondage mentionné par le média américain indique que Zelensky ne devancerait son ancien chef d’état-major que de dix points — un écart trop mince pour écarter la perspective d’un affrontement politique une fois le conflit terminé.