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L’Italie ajoute une fête, la France veut en retirer deux

L’Italie prépare le rétablissement d’un jour férié en l’honneur de saint François, tout en réduisant son déficit. La France, au contraire, voit sa dette s’alourdir, ses taux dépasser ceux de Rome et envisage de supprimer des jours fériés.

Deux pays voisins suivent aujourd’hui des chemins radicalement différents. L’Italie s’apprête à instaurer un nouveau jour férié en l’honneur de saint François d’Assise, figure du XIIIᵉ siècle connue pour son renoncement aux richesses et son engagement auprès des pauvres. La France, au contraire, envisage de supprimer deux jours fériés afin de soulager ses finances publiques, car sa situation financière et politique s’est fortement dégradée ces dernières années, au point d’inquiéter les marchés internationaux.

À Rome, le Parlement débat du rétablissement du 4 octobre comme jour férié. Cette date correspond à la fête de saint François d’Assise, dont la mémoire reste vivante dans toute l’Italie. Jadis célébrée, cette journée fut supprimée en 1977 dans le cadre de mesures d’austérité. Le gouvernement de Giorgia Meloni souhaite aujourd’hui lui redonner vie à l’occasion du 800ᵉ anniversaire de sa mort, en 2026. Pour ses promoteurs, il s’agit d’un appel à la paix, à l’unité et à la spiritualité, au moment où l’Europe traverse de multiples tensions.

La République face à ses failles

Pendant ce temps, la France s’enlise dans une crise de confiance. Depuis le 9 septembre, la France emprunte à des taux d’intérêt comparables, voire supérieurs, à ceux de l’Italie sur les obligations d’État à dix ans, une situation inédite depuis le lancement de l’euro en 2002. Le rendement des emprunts français a atteint 3,48 %, contre 3,47 % pour l’Italie, marquant un renversement historique.

Le 12 septembre, l’agence de notation Fitch a abaissé la note de la dette souveraine de la France, passant de « AA- » à « A+ ». Cette décision reflète les inquiétudes croissantes sur l’état des finances publiques françaises et l’instabilité politique qui paralyse le pays.

C’est la première fois depuis 2012, après la perte du « triple A » sous Nicolas Sarkozy, que la France subit une telle dégradation, quittant le club des « double A ». Fitch, qui évalue la solvabilité des États sur une échelle de AAA (meilleure note) à D (défaut), met en cause plusieurs facteurs aggravants pour justifier cette sanction. Le principal motif de cette rétrogradation est la dérive des finances publiques. La dette publique française dépasse désormais 3 300 milliards d’euros, soit environ 114 % du PIB, un niveau record qui compromet la soutenabilité budgétaire. Le déficit public, estimé à 5,4 % du PIB en 2025, est loin de respecter la règle européenne des 3 %.

La Banque de France a même révisé ses prévisions sur la croissance économique du pays en 2026, passant de 1 % à 0,9 %, en raison des incertitudes déclenchées par les crises politiques.

Déficit en chute, confiance en hausse : le pari italien

De son côté, l’Italie parvient à redresser ses comptes. Pays le plus endetté de l’Union européenne après la Grèce, elle a pourtant réduit son déficit de façon spectaculaire : de 8,6 % en 2022, il pourrait tomber à 3,3 % en 2025.

Ce résultat s’explique par des choix politiques clairs. Giorgia Meloni a supprimé des mesures coûteuses héritées de ses prédécesseurs, comme le revenu de citoyenneté ou le bonus de rénovation énergétique. Elle a aussi maintenu des impôts sur le carburant, durci le régime des retraites et profité d’une inflation élevée qui a gonflé les recettes fiscales. L’Italie est le principal bénéficiaire du plan européen post-Covid, avec près de 200 milliards d’euros. Depuis 2023, plus de 500 000 personnes ont rejoint le marché du travail, renforçant encore les finances publiques.

Ainsi, deux récits s’opposent : une Italie qui célèbre l’espérance, et une France contrainte de rogner sur ses propres fêtes.