Le rassemblement nommé par ses organisateurs «Marche Khorobrikh» (marche des braves), a été organisé pour célébrer l’érection d’un monument consacré au prince kiévien du Xème siècle, Sviatoslav.
Selon les organisateurs, jusqu’à 5 000 activistes ultranationalistes ont défilé sur l’artère centrale de la ville, encadrés par des combattants du bataillon Azov arborant le Wolfsangel inversé ou «crochet de loup», symbole utilisé par la 2ème division SS «Das Reich» pendant la Seconde Guerre mondiale.
Lors de ce défilé, qui s’est déroulé près du monument qui venait d’être érigé, les participants ont allumé des torches et scandé des slogans. La marche était conduite par le chef du bataillon néonazi Azov, membre du parlement ukrainien, Andreï Biletski.
L’argent pour la création et l’érection du monument est présenté par les militants comme un «cadeau» à la ville, collecté auprès des Ukrainiens par les combattants d’Azov. Cependant, son érection au centre de Marioupol n’a pas été convenue avec les autorités de la ville, et est de ce fait considérée illégale.
«S’ils [les autorités ou d’autres] souhaitent démolir le monument, nous leur souhaitons bonne chance», a déclaré Biletski ajoutant que la statue serait gardée par des combattants d’Azov.
Il a également noté que la statue ne serait pas la seule, car il est prévu que des monuments dédiés à d’autres figures éminentes de l’Ukraine soient érigés dans la ville.
La déclaration publiée par le service de presse du bataillon Azov à l’occasion de l’érection du monument à Sviatoslav fait l’éloge de la politique agressive des dirigeants du Xème siècle affirmant par exemple : «l’Ukraine à cette époque-là [était] crainte et respectée par ses ennemis, faisant apparemment référence à l’ancien Etat slave de Russie kiévienne.
Le slogan de la manifestation a été emprunté aux discours du prince Sviatoslav qui prévenait tous ses ennemis par cette devise avant les attaquer. Le «slogan légendaire» est plus important que jamais, ont déclaré les organisateurs, appelant la jeune génération à dire «Nous sommes à vos trousses» à tout ce qui tue l’Ukraine : «ennemis, corruption, séparatisme, Russie».
Ce qu’il faut savoir sur le bataillon Azov
Le bataillon Azov a été créé en 2014 par l’historien Andreï Biletski, un militant populiste et nationaliste, qui qualifie son idéologie de «nationalisme social». Intégré à la Garde nationale d'Ukraine, le bataillon a participé activement à des offensives militaires de Kiev contre les forces antigouvernementales à l’est du pays et dispose de sa propre artillerie lourde ainsi que de fonds pour son financement.
Ce groupe fait toujours l’objet de polémiques. En décembre 2014, dans un rapport de l’ONU, il a été accusé de violation des droits de l’Homme, ainsi que de pillage et de détention arbitraire. Début juin dernier, le Congrès américain a décidé de bloquer toute fourniture d’aide à ce bataillon le qualifiant de «groupuscule néonazi».
En juin la Chambre des représentants a également qualifié Azov de bataillon «néonazi» et a adopté, à l’unanimité, un amendement interdisant aux Etats-Unis de fournir une aide à cette «milice d’extrême droite, sur la ligne de front du conflit ukrainien, qui propage des slogans de suprématie de la race blanche».
En août les ultranationalistes ukrainiens ont fondé un camp pour enfants, près de Kiev, qui a pour but de leur apprendre la stratégie militaire, ainsi que le maniement d’armes comme le fusil d’assaut AK-47.