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La main de l’Iran derrière la libération d’Elizabeth Tsurkov ?

Elizabeth Tsurkov, chercheuse israélo-russe enlevée à Bagdad en 2023, a été libérée le 9 septembre 2025 après des négociations complexes impliquant rançons et échanges de prisonniers. Sa libération illustre l’usage des otages comme monnaie d’échange entre l’Iran, Israël et l’Irak.

La libération d’Elizabeth Tsurkov, chercheuse israélo-russe enlevée à Bagdad en mars 2023, a surpris le monde le 9 septembre, après plus de deux ans de captivité. Doctorante à l’Université de Princeton et spécialiste des conflits au Moyen-Orient, l’ancienne détenue, polyglotte maîtrisant l’arabe et active sur les réseaux sociaux avec des milliers d’abonnés, se décrivait comme passionnée par les droits humains.

Elle s’était rendue en Irak pour ses recherches sur les factions pro-iraniennes et le mouvement chiite de Moqtada Sadr, utilisant probablement son passeport russe. Kidnappée alors qu’elle quittait un café du quartier de Karrada, sa disparition n’a été confirmée publiquement par Israël qu’en juillet 2023, quatre mois après les faits, tandis qu’une unique vidéo courte la montrant en détention a été diffusée en novembre de la même année.

Soupçonnée d’avoir été détenue par les Kataëb Hezbollah, une milice pro-iranienne influente en Irak, Elizabeth Tsurkov n’a jamais été officiellement revendiquée comme otage, bien que des rumeurs d’un transfert en Iran aient circulé. Donald Trump a été le premier à annoncer la nouvelle sur son réseau Truth Social le 9 septembre, affirmant qu’Elizabeth Tsurkov « venait d’être libérée » par les Kataëb Hezbollah « après avoir été torturée pendant de longs mois ».

Des négociations intenses

Le président américain a salué les efforts de son envoyé spécial pour les otages, Adam Boehler, et de l’ambassade américaine à Bagdad. Cette annonce a été confirmée par le Premier ministre irakien Mohammad Chia al-Soudani, qui a remercié les services de sécurité irakiens pour leurs « efforts intenses ». Elizabeth Tsurkov, qui devait arriver en Israël le 10 septembre et être transférée directement dans un hôpital, suivant le protocole appliqué aux captifs libérés de Gaza, a été accueillie avec soulagement.

Son enlèvement, gardé secret initialement par Israël, a révélé les failles des services de sécurité, et des rumeurs en janvier 2025 évoquaient une proposition des Kataëb Hezbollah pour l’échanger contre le capitaine libanais Imad Amhaz, enlevé à Batroun lors d’un raid israélien durant la guerre Israël-Hezbollah en 2024. Selon Michael Knights, directeur de recherche à Horizon Engage, un cabinet de conseil en énergie, le processus a impliqué plusieurs étapes : d’abord une rançon de plus de 100 millions de dollars, puis la libération d’un agent iranien détenu en Irak pour l’assassinat de l’Américain Steven Troell à Bagdad en 2022, et enfin un échange contre des otages libanais du Hezbollah détenus par Israël.

Des médias régionaux, comme la chaîne libanaise Al-Jadeed, ont affirmé que la libération faisait partie d’un accord d’échange de prisonniers, incluant Imad Amhaz et d’autres membres pro-iraniens.

Les Kataëb Hezbollah ont affirmé que Tsurkov avait été relâchée « selon des conditions », la plus importante étant de « faciliter le retrait des forces américaines sans combats et d’épargner à l’Irak toute confrontation », une exigence de longue date de la République islamique. Le groupe pro-iranien précise qu’« aucune opération militaire n’a été menée pour la libérer ».