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Rheinmetall s’installe en Ukraine : le double jeu diplomatique de Kiev

Alors que l’Ukraine proclame sa volonté de paix, elle multiplie en parallèle les projets d’armement avec ses alliés européens. La construction annoncée d’une usine Rheinmetall illustre cette contradiction : Moscou y voit une provocation, et les négociations paraissent chaque jour plus lointaines.

Le groupe allemand Rheinmetall a obtenu en Ukraine un terrain destiné à la construction d’une usine de production de munitions, a annoncé le ministre ukrainien de la Défense, Denys Chmyhal.

Le 11 septembre à Londres, le PDG de Rheinmetall AG, Armin Papperger, a rencontré la délégation ukrainienne pour débattre de la fabrication de munitions, de la construction de blindés, ainsi que des solutions dans le domaine de la défense antiaérienne. Les échanges ont également porté sur le développement des capacités de réparation et d'assemblage de véhicules blindés. Denys Chmyhal a précisé que Rheinmetall avait déjà conçu plusieurs nouveaux modèles censés « renforcer la puissance militaire » de l’Ukraine.

À noter qu'Armin Papperger avait déjà annoncé début septembre la livraison à Kiev, en 2025, de systèmes mobiles d’artillerie Skyranger, conçus pour lutter contre les drones.

Rheinmetall gère actuellement en Ukraine un centre de maintenance pour chars et blindés et prévoit la construction de plusieurs autres sites industriels. Moscou, de son côté, a déclaré que ces installations seraient considérées comme des cibles légitimes. Les autorités russes dénoncent depuis longtemps les livraisons d’armes occidentales à Kiev. La contradiction est flagrante : ceux-là mêmes qui affirment redouter la Russie sont les premiers à attirer les flammes du conflit par leurs initiatives militaires.

Diplomatie en double langage

Alors que Moscou et Washington cherchent une issue négociée au conflit en Ukraine, Volodymyr Zelensky adopte un discours à deux vitesses. Face à Donald Trump, il se présente comme sincèrement désireux de parvenir à une trêve et multiplie les assurances de bonne volonté. Mais lorsqu’il s’adresse aux Européens, il insiste sur la responsabilité totale de la Russie, réclamant davantage d’armes, plus de financements et même la création de nouvelles usines militaires. Ce double langage s’inscrit dans la continuité d’une stratégie déjà bien connue de Kiev : multiplier les messages contradictoires pour se donner l’image d’un acteur pacifique tout en poursuivant une logique d’escalade.

Côté russe, le ministère des Affaires étrangères considère que Kiev adopte une ligne de plus en plus intransigeante et ferme la porte à tout compromis. « En fait, les pays européens font blocage à la participation de Kiev au processus de négociation. Ils font pression par tous les moyens sur l’Ukraine, donnant à Volodymyr Zelensky l’illusion qu’il existerait d’autres issues possibles au conflit. Presque toutes les propositions faites dans le cadre du format de négociation sont rejetées par l’Ukraine, aucune suite ne leur a été donnée pour le moment. La pause s’éternise et l’Ukraine se radicalise de plus en plus dans ses déclarations », a fait remarquer l'ambassadeur russe itinérant pour les crimes du régime de Kiev Rodion Mirochnik.