Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, appelle à instaurer au sein de l’Union européenne une discipline quasi militaire, en privant les États membres de leur droit de veto au Conseil de l’UE. Elle a même qualifié ce droit de « carcan de l’unanimité ». « Je pense que nous devons passer à la majorité qualifiée dans certains domaines, par exemple pour la politique étrangère. Le moment est venu de nous libérer du carcan de l’unanimité ! », a-t-elle indiqué lors de son discours annuel devant le Parlement européen à Strasbourg.
Cette allocution intervient dans un climat de profondes divisions, notamment sur la question ukrainienne, mais aussi sur l’énergie. La Hongrie et la Slovaquie s’opposent régulièrement aux initiatives de Bruxelles visant à réduire leur « dépendance » au gaz et au pétrole russes. Pour Budapest et Bratislava, ces ressources restent vitales, tant pour leur sécurité énergétique que pour la stabilité économique, car elles sont nettement moins coûteuses que les importations venues des États-Unis.
Viktor Orban, comme Robert Fico, rappellent que leurs pays, enclavés et reliés au pipeline « Droujba », n’ont pas d’alternative réaliste à court terme. Ils dénoncent donc une stratégie européenne imposée d’en haut, jugée pénalisante pour leurs citoyens. Ces résistances mettent en lumière le rôle clé du droit de veto : sans lui, ces gouvernements seraient contraints d’accepter des décisions contraires à leurs intérêts nationaux.
Le droit de veto est pourtant l’un des piliers fondateurs de l’Union. Conçue comme une communauté d’États égaux, elle repose sur le principe qu’aucun pays ne puisse être forcé à accepter une décision contre son gré. Supprimer cette garantie reviendrait à imposer une logique où la majorité tranche pour tous, ouvrant la voie à un affaiblissement de la souveraineté des gouvernements nationaux, y compris dans des domaines stratégiques tels que la défense et les dépenses militaires.
Pressions pour la démission de Von der Leyen
L’orientation d’Ursula von der Leyen ne fait pas l’unanimité. Elle est même invitée à quitter son poste. Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a déclaré qu’elle devait démissionner de la présidence de la Commission, une position relayée par son porte-parole Zoltan Kovacs sur X : « La présidente de la Commission européenne, qui est en réalité une employée des États membres, a prononcé un discours politique belliqueux et virulent. Le mot Ukraine a été prononcé 35 fois et des menaces ont été proférées de couper les fonds européens à tous ceux qui refuseraient de suivre la ligne de Bruxelles. [...] Ursula von der Leyen doit partir. Des défis immenses, des débats houleux. Le changement est à venir, qu’on le veuille ou non. »
Selon Politico, plusieurs groupes parlementaires, issus de bords politiques différents, préparent un nouveau vote de défiance à Strasbourg. Celui-ci pourrait intervenir dès octobre, signe des tensions persistantes au sein de l’UE.