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Elections législatives en Espagne : un saut vers l'inconnu

Jamais l'Espagne n'a été confrontée à une situation similaire. Pour la première fois de son histoire, les partis traditionnels de droite et de gauche sont bousculés dans les derniers sondages. Deux autres partis pourraient mettre fin au bipartisme.

La question est dans toutes les têtes en Espagne. Le bipartisme est-il en train de mourir ? Une interrogation à laquelle beaucoup seraient tentés de répondre par l'affirmative au regard des sondages qui se sont succédés ces dernières semaines.

Selon les dernières estimations, quatre partis en lice serait assurés de franchir la barre des 15%. Une donnée qui semble augurer d'une recomposition du paysage politique espagnol après quarante années de suprématie du tandem gauche-droite. La fulgurante ascension de deux nouveaux partis, le parti radical de gauche, Podemos et Ciudadanos du centre-droit font sérieusement craindre au parti populaire (PP) du président du gouvernement sortant Mariano Rajoy et au parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) de Pedro Sánchez, un délitement de leur base électorale. Autre paramètre et non des moindres à considérer, l'indécision des électeurs. Un Espagnol sur trois n'auraient pas déterminé son choix pour cette élection.

Une rupture générationnelle programmée

Si ces dernières années, le phénomène était palpable dans le pays lors de chaque élection, le clivage générationnel pourrait se renforcer davantage lors de ce scrutin inédit. Les nouveaux partis émergents Ciudadanos et Podemos sont susceptibles d'obtenir le soutien massif des jeunes électeurs habitant les centre urbains alors qu'en revanche, les électeurs ruraux majoritairement plus âgés seront probablement plus enclins à voter pour le PP ou le PSOE. Une fracture qui s'explique par la volonté des jeunes qui souffrent d'un chômage de masse (50% des 16-24 ans sont sans emploi), de désir d'un renouvellement de la classe politique alors que les personnes plus âgées sont plus attachées au bipartisme traditionnel, gage pour eux de stabilité pour le pays. Malgré le poids électoral de cette frange d'électeurs, (un tiers des 34,6 millions d'électeurs ont plus de 60 ans), il semblerait que les deux partis traditionnels ne peuvent plus gouverner sans alliés.

La probable naissance de coalitions

Une nouvelle ère de coalitions et de compromis semble s'ouvrir en Espagne. Selon de nombreux analystes, le PP sera contraint de faire alliance avec Ciudadanos pour gouverner. Son leader avait à ce propos fait une allusion cette semaine afin d' empêcher une coalition entre les partis de gauche. Cependant le chef du parti du centre-droit, laisse planer le doute sur ses intentions. Quant aux socialistes espagnols, ils ont également évoqué cette option sans explicitement fait référence avec le parti Podemos qui lui aussi, maintient le suspense. Leur désaccord majeur au sujet de l'avenir de l'Espagne au sein de l'Union européenne devrait constituer un sérieux obstacle pour une éventuelle alliance.

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Une chose est d'ores et déjà certaine, le pays s'attend à vivre une longue soirée post-électorale durant laquelle les partis devront, en cas de faible écart entre eux, débuter une vaste opération de tractations.