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Censure ? Al-Jazeera bloque un article qui blâme l’Arabie saoudite sur les droits de l’Homme

La chaîne télévisée basée au Qatar a empêché le visionnage, en dehors des Etats-Unis, d’un article qui dénonçait les piètres résultats de la monarchie saoudienne en matière de droits de l’Homme.

Intitulé «L’Arabie saoudite utilise le terrorisme comme excuse pour ses excès sur les droits de l’Homme», l’article a été publié sur la version américaine du site du média Al-Jazeera. On pouvait y retrouver des rapports qui mettaient en cause la politique saoudienne, quant à sa gestion de la minorité chiite, à ses mises à mort ou encore à ses relations avec les Etats-Unis.

Si le papier est toujours consultable sur le territoire américain, dans les autres pays, c’est une page d’erreur qui le remplace. Le directeur d’Al-Jazeera, média financé en grande partie par la famille al-Thani, qui dirige le Qatar, se serait excusé pour cet article, rapporte le journal saoudien Okaz.

Ecrit par Arjun Sethi, un avocat spécialisé dans les droits de l’Homme et professeur de droit à l’université américaine de Georgetown, le papier dénonçait la hausse des exécutions cette année en Arabie saoudite (plus de 150 en 2015, rapporte l’ONG Amnesty International), la condamnation à mort du poète palestinien Ashraf Fayadh pour crime «d’apostasie», ou encore les frappes aériennes indifférenciées de la coalition saoudienne au Yémen.

Pour l’auteur, «l’Arabie saoudite échappe souvent à la condamnation morale en grande partie à cause de sa relation de proximité avec les Etats-Unis». Sur le réseau social Twitter, le professeur a indiqué qu’il ne céderait pas «à la censure».

La chaîne Al-Jazeera, basée au Qatar et financée par ce même Etat, est l’un des plus grands réseaux médiatiques dans le monde, avec plus de 80 bureaux répartis aux quatre coins de la planète. Elle a toutefois été critiquée par des observateurs arabes pour entretenir un biais en faveur de la monarchie qatarie. Durant la guerre de Libye, en 2011, des critiques avaient pointé du doigt sa couverture du conflit, estimant qu’Al-Jazeera minimisait les exactions des rebelles anti-Kadhafi financés par le Qatar.

La monarchie de Doha, dirigée par le cheikh Tamim bin Hamad al-Thani, est un pays allié de l’Arabie saoudite. Il se positionne notamment contre le gouvernement syrien et participe aussi à la coalition militaire qui bombarde les rebelles Houthis au Yémen.

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