Après trois ans de pourparlers et neuf jours de débats intenses à Genève, l’espoir d’un traité international juridiquement contraignant contre la pollution plastique s’est effondré ce mercredi 13 août. La proposition de texte de synthèse, présentée par le président des négociations, Luis Vayas Valdivieso, a suscité un tollé parmi les délégués de 184 pays dans un contexte environnemental inquiétant avec notamment des océans largement touchés.
Les pays et les ONG s’inquiètent d’un accord flou et insuffisant
Loin de rapprocher les positions, ce document de 31 articles a été jugé « déséquilibré » et « inacceptable » par une majorité, compromettant l’objectif fixé en 2022 par l’ONU de lutter efficacement contre la pollution plastique, y compris marine.
Des pays comme la Colombie, le Chili, le Mexique, Panama, le Canada ainsi que l’Union européenne, dont la France, et les petites îles du Pacifique, ont dénoncé un texte trop faible, reléguant les mesures au niveau national sans cadre de coopération internationale.
« Ce texte ne fait pas le minimum nécessaire pour répondre à l’urgence », a déclaré Magnus Heunicke, ministre danois de l’Environnement.
Les ONG, telles que Greenpeace et Zero Waste France, ont vivement critiqué le texte, accusant l’industrie pétrochimique d’avoir influencé les négociations. « C’est un cadeau à l’industrie et une trahison de l’humanité », a fustigé Graham Forbes de Greenpeace. Manon Richert, de Zero Waste France, a regretté la suppression des mentions sur la réduction de la production plastique, essentielle pour enrayer la crise.
L’ONG CIEL, le Centre de droit international de l’environnement tranche : « Ce n'est pas un traité pour mettre fin à la pollution plastique, c'est un cadeau aux pollueurs ».
Moins de 10 % des 450 millions de tonnes de plastique produites annuellement sont recyclées, et la production pourrait tripler d’ici 2060 selon l’OCDE. Même les pays pétroliers, comme l’Arabie saoudite ou le Qatar, opposés à une régulation stricte, ont rejeté le texte pour son manque de clarté. Seule l’Inde l’a accepté comme base de discussion.
Alors que les négociations doivent s’achever ce jeudi 14 août à minuit, avec un possible débordement jusqu’à vendredi, l’espoir d’un texte équilibré repose sur une révision rapide.